La source de tous nos maux. Travailler fatigue affirme le titre du premier long métrage de Juliana Rojas et Marco Dutra. Certes. Mais dans un système économique où être sans emploi vous rend invisible et vous soustrait du monde des vivants pour vous métamorphoser en statistique, ne pas travailler peut tuer, voire vous mener aux confins de la folie si vous êtes chanceux. Et être victime de cette mésaventure sous le soleil brésilien ne change rien à l’affaire.

Cœur de cendres. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, Eldfjall, premier film de prime abord fort lugubre de Rúnar Rúnarsson n’est en rien un documentaire sur l’éruption des volcans aux petits noms charmants — Eyjafjöll et Grímsvötn — bien qu’imprononçables pour les 3/4 de la planète qu’ils ont inquiétée.

La faim justifie les moyens. Ceux qui ont eu la curiosité d’aller découvrir son très riant Sibérie, Mon amour reconnaitront la patte de Slava Ross, notamment en ce qui concerne l’excellence de son travail avec les enfants, la violence des rapports sociaux, l’obsession de ses personnages pour la recherche de nourriture et l’amour des ritournelles.  

Théories + complots. Comment en arrive-t-on à imaginer qu’un cruel moustachu hystérique et givré qui ne quitta jamais le continent ait pu fomenter un crime peu banal en compagnie de nababs d’Hollywood alors que l’on envisage de filmer un documentaire sur la lumineuse — belle entrée en matière de la part de Michael Lonsdale dans son propre rôle — Micheline Presle, si merveilleuse d’intelligence et de grâce ?

Histoire du chat qui n’était pas là. Quelle misérable mouche a donc piqué Divko Buntic (Miki Manojlovic, confondant de sobre bouffonnerie et d’humanité blessée) pour qu’il revienne, revêtu des atours du nouveau riche triomphant — Mercedes écarlate, grosses coupures et juvénile créature au bras — dans son petit village natal de Bosnie Herzégovine qu’il avait quitté en catastrophe plus de vingt ans auparavant au triste avènement du communisme ?

Zone grise. Fergus est un triste sire. Doublé d’un teigneux sur lequel on ne peut compter. Du genre à se bourrer consciencieusement la gueule (qu’il tire en permanence) et à se bastonner ensuite avec les bobbies de sa majesté. Résultat des courses : garde à vue, procès en suspens et interdiction de sortie du territoire. Enfin, ça n’est pas la mort non plus. Tout du moins, pas la sienne.

L’homme de glaise. Les gens du voyage. Tel est le nom que l’on donne à la communauté à laquelle appartient Jimmy Rivière, héros méchamment velléitaire du premier long métrage* de Teddy Lussi-Modeste. Un terme évocateur de vastes horizons et se prêtant aisément aux fantasmes d’indépendance et de liberté qui nous étreignent tous un jour dans nos vies étriquées. Bien loin malheureusement de la réalité.

Les désastres de la guerre. Luna et Amar s’aiment d’un amour tendre et vigoureux. Ils travaillent ensemble dans la même compagnie aérienne ; lui, au sol, comme aiguilleur du ciel, elle, dans les nuages, charmante hôtesse de l’air s’éclipsant vers des contrées étrangères. Luna et Amar souhaitent un enfant mais vont être contraints par la stérilité d’Amar d’en passer par l’insémination artificielle. Amar est alcoolique et en perd son travail, mais le soutien de la douce et impétueuse Luna semble indéfectible.