Du lauréat sexy, des serial-killers et un ogre. Le plus difficile dans un festival est d’essayer de faire en sorte de ne pas se tromper de film — argh ! ce choix que l’on maudit parfois en entendant parler avec enthousiasme les sortants d’une salle adjacente ! — et de tenter, surtout ici au FFCP, d’en voir un maximum (manie de cinéphage qui se respecte).

Âmes perdues. 1997. Hong Kong a connu quelques revers économiques dont les migrants chinois attirés par les lumières de la ville vont devenir les victimes expiatoires. Faisant fi de tout espoir de réussite sociale, les quatre protagonistes de Love will tear us apart n’ont guère d’autre choix que de se laisser couler dans une mélancolie suicidaire, une solitude morbide, une violence cynique ou une folie douce. Bienvenue dans la métropole sommée par d’augustes bannières d’ « Aimer la mère patrie » !

Aimez qui vous voulez. Ce n’est pas que Gabin, curé ardéchois ayant passé le demi-siècle, fasse une crise de foi(e) ou que l’amour de dieu ne le chatouille plus, mais ses hormones le gratouillent sec depuis qu’il a enserré dans un câlin langoureux le corps généreux d’une femme. Et de s’éclipser de sa paroisse pour « monter à Paris » tel un Rastignac en chaleur.

Ballon rond, fièvre de l’or et deuil impossible. Je retrouve la belle salle de L’Arlequin pour une (excellente) journée fictions. Un petit café entre chaque film et je résiste fermement à la tentation de goûter aux petites douceurs brésiliennes proposées au bar…

Je t’aime, moi non plus. Qui oserait encore, après L’impitoyable lune de miel, Mondo Plympton ou Les mutants de l’espace demander qui est Bill Plympton ? A l’heure où Hayao Miyazaki prend une retraite bien méritée après un ultime chef d’œuvre, la disparition de Satoshi Kon et les Monty Python désormais aux abonnés absents, la sortie d’un nouveau film de cet impudent vétéran de l’animation a l’effet d’un gaz hilarant fort bienvenu.

Histoire du chat qui n’était pas là. Quelle misérable mouche a donc piqué Divko Buntic (Miki Manojlovic, confondant de sobre bouffonnerie et d’humanité blessée) pour qu’il revienne, revêtu des atours du nouveau riche triomphant — Mercedes écarlate, grosses coupures et juvénile créature au bras — dans son petit village natal de Bosnie Herzégovine qu’il avait quitté en catastrophe plus de vingt ans auparavant au triste avènement du communisme ?

Candide au pays de l’ecstasy. Passons rapidement sur le peu de subtilité du titre français* lançant une obscène œillade à l’ultra violent French Connection de William Friedkin — voire laissant imaginer une comédie adolescente à l’humour un peu gras — pour nous intéresser de plus près à l’aventure abracadabrantesque (based on a true story nous prévient d’emblée un carton au générique aux fins de prévenir toute incrédulité) contée par l’ambitieux Kevin Asch, dont c’est le premier long métrage.

Triple je(u). Marie (délicieuse Monia Choukri) et Francis (Xavier Dolan himself toujours affublé de ses charmantes petites quenottes) sont les meilleurs amis du monde. Marie aime les jolis garçons, et notamment Nicolas (Niels Schneider), croisé lors d’une soirée. Ça tombe merveilleusement bien car son bon copain Francis aime aussi les garçons et sa rencontre avec l’androgyne casqué d’invraisemblables boucles blondes lui a fait chavirer le cœur avec la même violence.

Sur les berges de l’ennui. Que les érotomanes se rassurent. Certes, le titre du dernier opus de Manuel Pradal fait écho à la toile d’Edouard Manet vite découpée bien emballée par le jeune héros du film mais Vahina Giocante — en faillible gardienne des lieux kidnappée derechef — ne cache rien de sa superbe anatomie dans des scènes de bain et de sexe aussi nombreuses qu’inutiles, cherchant sans doute sous cet attrayant vernis à masquer la vacuité d’un scénario prenant l’eau de toutes parts.

Les réalisateurs aussi ont commencé petits. Le film à sketches peut se révéler un exercice aussi cruel que le film choral car il pointe inévitablement le manque d’originalité des uns au vu du talent des autres. Enfances, qui narre d’imaginaires tribulations enfantines de six grands cinéastes (dans l’ordre, Fritz Lang*, Orson Welles**, Jacques Tati***, Jean Renoir****, Alfred Hitchcock***** et Ingmar Bergman******), n’échappe pas à cette règle.