Peindre le monde en nuances de gris(1). Répondant avec quelques réticences, sur lesquelles il s’étendra sans fard, à une commande des éditions Mishima, Hirokazu KORE-EDA a accepté de rédiger un ouvrage-patchwork entremêlant souvenirs autobiographiques et réflexions sur le cinéma et notamment son dada, l’importance de l’image et la recherche de la vérité, cette dernière fut-elle parfois aménagée.
Chronique
Être né quelque part. Un scénariste inventerait le personnage de White Boy Rick, trafiquant de drogue blanc, et mineur de surcroit, dans un quartier de Detroit à majorité afro-américaine, on lui demanderait immédiatement de nous fournir quelques plants de ce qu’il a fumé.
Échec, pixels & mat ! Première réalisation de Stephen Susco, scénariste plutôt porté sur l’horreur et dont le titre de gloire est d’avoir écrit l’adaptation américaine de The grudge, Unfriended: Dark Web ne ment pas sur la marchandise : va y avoir du Net et du pas net, mais peine à ne serait-ce que provoquer un soupçon de trouille chez des spectateurs avides de sensations fortes.
La cité des femmes-poupées. Le film débute à peine et nous voilà plongés en plein combat aérien. L’avion de Mark, un héros à la cool tout droit sorti de Stalag 13 — mais où diable est passé le débonnaire Sergent Schultz ? — s’écrase et ses pompes s’enflamment.
Ne laissez pas aller vos petits enfants. Une bouteille s’échoue sur les côtes écossaises avec à son bord un message de détresse rédigé en danois. Nous sommes dans un épais roman de Jussi Adler-Olsen consacré au Département V, spécialisé dans les enquêtes classées sans suite. L’équipe, flairant le désastre, va donc entrer en action malgré l’état psychique plus que lamentable de sa tête de proue.
La maison-cinéma et le monde. Un réalisateur qui refuse lors d’un festival de se prononcer sur le « meilleur film » tandis qu’on ne lui projette que d’incomparables chefs d’œuvre ne peut pas être complètement mauvais.
Plus dure sera la chute. Difficile de faire oublier l’adaptation outrageusement perverse de la pièce de Robin Maugham signée Harold Pinter que porta à l’écran Joseph Losey puisque depuis 1963, The servant a pour l’éternité cinéphile les traits de Dirk Bogarde, géniale âme damnée d’un James Fox tout aussi inoubliable en aristocrate décadent.
Les reclus. Hiroshi, adolescent ombrageux rentre un beau soir de l’école en compagnie de son jeune frère, Yuhei, qu’il maltraite quelque peu. Sans raison. Arrivé dans leur tristounette banlieue tokyoïte pas franchement kawaï, il s’enferme dans sa chambre et refuse désormais d’en sortir.
O Brésil que nunca desiste. Ce jardin de l’espérance n’est autre que Jardim Gramacho, plus grande décharge à ciel ouvert construite à quelques kilomètres des enivrantes plages de Copacabana et fermée en 2012 au grand dam des catadores, hommes et femmes « ramasseurs de déchets » pour qui, le tri des ordures aussi dangereuses soient-elles, était le seul moyen de subsistance.
Avant le tumulte. Baigné par la musique mélancolique quasi funèbre, de Nick Cave et Warren Ellis, Loin des hommes n’est ni un western — pourtant les chevaux y jouent parfois bien malgré eux un rôle central — ni un buddy movie qui verrait se rencontrer deux êtres que tout oppose et qui s’achèverait dans le soleil couchant d’une amitié naissante.
En quatrième vitesse. Cynique, d’une violence ultra cartoonesque et peuplée de personnages potentiellement dangereux, Hard day, journée bien remplie d’un flic ripou qui s’enlise dans la mouise tout en découvrant qu’il y a encore bien plus crevard que lui est follement réjouissante.
Plus féroce que les mâles. Décidément, J.C. Chandor aime les hommes au bord de la crise de nerfs.
Maigre moisson de films en ce joli temps de mai pour cause d’invasion cannoise de la capitale, que ce soit au Gaumont Capucines [Cannes à Paris], au Forum des images [Quinzaine des réalisateurs 2014] sans qui ma vie cinématographique parisienne aurait moins de goût, et au Reflet Médicis [Un certain regard 2014].
Avril 2014 au cinéma. Part 2. Suite et fin de la vingtaine de films vus en avril 2014.
Quelques mots rapides sur des films sortis sur les écrans parisiens — et que vive longtemps leur offre internationale — au mois d’avril qui a marqué mon petit retour aux affaires grâce au Festival du Film Brésilien de Paris.
Quelques réflexions sur les films vus en mars. Et oui, y a du lourd. Et le meilleur film américain du mois date de 1967.
Après un début d’année en demi-teintes, février fut court, mais bien meilleur. Surtout au niveau de mes choix.
Le rat des villes et les rats des champs. Pressé par son producteur, San-jin, scénariste en mal d’inspiration accepte d’aller s’enterrer dans le trou du cul du monde pour s’atteler à la tâche.
Voici venu l’esprit de Noël ! Comme la petite vérole sur le bas clergé, les tops vont tomber sur les sites et les blogs fin 2014 ou début d’année 2015. J’en suis toujours à me tâter pour un non-blog comme l’année passée dans la mesure où il me manque un nombre conséquent de films, ratés pour raisons personnelles ou pour absences festivalières. En attendant, quelques menues réflexions.
Selon que vous serez puissant ou misérable (air connu). Premier long métrage de Jung Yoon-suk, Non fiction diary est un documentaire fascinant qui mériterait une seconde vision tant il est dense pour qui n’est pas trop versé dans l’histoire de la Corée. On peut même regretter, au vu de sa richesse et des multiples questions qu’il soulève, qu’il ne fasse que 90 minutes.