Unfriended: Dark Web de Stephen Susco

Unfriended Dark Web de Stephen Susco © Bazelevs Production_Apollo Films

Échec, pixels & mat ! Première réalisation de Stephen Susco, scénariste plutôt porté sur l’horreur et dont le titre de gloire est d’avoir écrit l’adaptation américaine de The grudge, Unfriended: Dark Web ne ment pas sur la marchandise : va y avoir du Net et du pas net, mais peine à ne serait-ce que provoquer un soupçon de trouille chez des spectateurs avides de sensations fortes. Tout au plus, la première apparition du mal fera-t-elle sursauter quelques âmes sensibles, mais à force de surexploitation, perdra de son pouvoir lugubre.

Lors d’une soirée-jeu sur Skype, une bande* de geeks très propres sur eux à parité respectée et, nous le découvrirons bientôt, plutôt nunuches, se retrouve aux prises avec le Dark Web dans lequel est entré en toute inconscience un des participants après avoir « emprunté »  un ordinateur qu’il prétend avoir acquis à un prix défiant toute concurrence. Et de cliquer sur les dossiers privés et sur les liens — Ah ! l’imprudent ! — qu’il contient. Cette ingérence va déchainer l’ire du propriétaire et de ses contacts bien peu recommandables et plus doués en matière de hacking, voire d’intrusion IRL.

La présentation des protagonistes est interminable et quelque peu archétypale (plusieurs spectateurs se sont enfuis vite fait) et bien que l’on comprenne que Stephen Susco tente par moult détails privés de nous les rendre sympathiques  (le voleur — qui se double toutefois d’un crétin fini — n’est-il pas aussi l’inventeur d’une appli qui lui permettrait de mieux communiquer avec sa chérie sourde ? belle idée vite évacuée par le jeu de massacre attendu), un scénario-machination prévisible doublé de plans fixes d’une foultitude d’écrans qui se succèdent à un rythme plus ou moins effréné — fatigue visuelle assurée — nous éloignent d’une quelconque empathie envers les futures victimes.

Nous n’allons cependant pas nier que Stephen Susco fait des efforts pour varier les plaisirs de ce slasher désincarné, en multipliant les angles de vue, les perspectives et les objets connectés mais diable, quel ennui ! Et quelle laideur, aussi.

Leçons de cette petite chose : ne vole pas, ne ment pas, ne clique jamais sur des liens inconnus**, ne te crois pas en sécurité, le web c’est plus fort que toi, on est tous connecté, on va tous mourir (mais à toi la priorité). Parfait.

Éteignons les ordinateurs et sortons dans la rue !

* On y reconnait Betty Gabriel, la bonne très souriante inquiétante de « Get out » de Jordan Peele, également produit par Jason Blum
** y compris quand on te promet une fortune si seulement tu peux envoyer quelques roupies pour faire sortir la valise emplie de pognon d’un pays en guerre

Unfriended: Dark Web de Stephen Susco_2018
avec Kurt Carley, Colin Woodell, Betty Gabriel, Stephanie Nogueras, Rebecca Rittenhouse, Andrew Lees, Connor del Rio & Savira Windyani