Peindre le monde en nuances de gris(1). Répondant avec quelques réticences, sur lesquelles il s’étendra sans fard, à une commande des éditions Mishima, Hirokazu KORE-EDA a accepté de rédiger un ouvrage-patchwork entremêlant souvenirs autobiographiques et réflexions sur le cinéma et notamment son dada, l’importance de l’image et la recherche de la vérité, cette dernière fut-elle parfois aménagée.
Quand je tourne mes films — ou si l’on traduit littéralement le titre original Eiga wo torinagara kangaeta koto, « les choses auxquelles je pense quand je tourne mes films » — a été publié au Japon en 2016(2), soit deux ans avant que le cinéaste ne remporte la palme d’or pour Une affaire de famille, son 13e long-métrage. Et 7e à être sélectionné au Festival de Cannes(3) depuis 2004 où Nobody knows, un drame cruel sur l’enfance réalisé au bout de quinze années de gestation, permettra à son acteur principal, Yûya Yagira, âgé de 14 ans, d’être le plus jeune lauréat du prix d’interprétation. Rappelons également — et le réalisateur en est encore tout émoustillé — que Tel père, tel fils recevra le Prix du Jury en 2013 sous la présidence de Steven Spielberg. Cannes aime KORE-EDA qui le lui rend bien, tout en conservant à la Mostra de Venise toute sa tendresse puisque sa première réalisation, Maboroshi, un geste subtil sur le deuil et l’absence — obsessions qu’il ne cessera de creuser tout au long de sa carrière —, y a été sélectionné et primé.
Exceptionnellement, pour l’édition française qui parait aujourd’hui aux éditions Atelier Akatombo, Hirokazu KORE-EDA a accepté de rajouter un commentaire sur l’œuvre palmée — encore une histoire de famille certes, mais cette fois, liée par le mensonge et le crime — et son travail avec ses acteurs et actrices qu’il ne cesse de louer page après page(4). Amoureux du cinéma français, bien qu’il confesse une admiration immodérée pour le style naturaliste de Ken Loach, il se laisse aller à la confidence sur ses influences rohmériennes avant d’évoquer La vérité, film franco-japonais au casting international(5) qui a fait l’ouverture de la dernière Mostra et qui sortira sur les écrans de France et de Navarre, le 25 décembre prochain.
Enfant de la télé dont il considère qu’elle fait partie de son ADN de metteur en scène, Hirokazu KORE-EDA, qui reconnaît avoir « une conscience aiguë de ne pas être ce que l’on appelle un pur cinéaste » (p.16), ne cesse depuis plus d’un demi-siècle d’observer la société japonaise au prisme de sa propre expérience, alternant documentaires télévisuels et fictions cinématographiques. Avec Quand je tourne mes films, le cinéaste nous conte sur plus de 400 pages comment on emporte une palme d’or après avoir débuté sur une émission de télé-réalité (!) à force d’opiniâtreté toujours, d’inconscience parfois, et de pures croyances dans le travail et dans la chance.
Se dégage de cette ébauche (auto)biographique, qui tient à la fois du journal intime (l’œuvre de KORE-EDA s’est repue des drames de son enfance), du carnet de bord de tournages (le livre est parsemé de notes et de croquis préparatoires), d’essai critique, notamment sur l’état des lieux de la télévision et du cinéma nippons, et du livre de recettes (casting, enquêtes, direction d’acteurs, fiches de postes des collaborateurs, opérations marketing en vue de séduire un public toujours plus conquis, etc.), la personnalité complexe et attachante d’un homme honnête et non dénué d’ironie, préférant les critiques constructives aux compliments stériles, luttant contre la nature japonaise naturellement portée à l’introspection et au repli sur soi(6), curieux de ses contemporains et soucieux de tisser en bonne intelligence des liens de confiance, voire d’amitié, avec eux.
À mes yeux, la fiction et le documentaire poursuivent aussi des objectifs distincts. La fiction vise à provoquer chez le spectateur un mouvement extatique. Elle tente de susciter une empathie, l’identification du spectateur au personnage qui est représenté à l’écran. On s’embarque dans une expérience imaginaire de deux heures. Pour sa part, le documentaire cherche à éveiller le spectateur. Il campe des personnages comme autant d’autres que soi, qui renvoient une image critique aux spectateurs. Voilà bien pourquoi, au détour, je ne supporte pas ces documentaires qui sont pensés pour nous arracher des larmes.
Hirokazu KORE-EDA
Quand je tourne mes films. Chapitre 4. Ni noir, ni blanc (p.153)
Hirokazu KORE-EDA offre également, par la pointilleuse description de son métier de documentariste qui déborde plus que nécessaire selon lui — mais peut-il se cacher longtemps sa vraie nature ? — sur ses désirs de fiction, un regard inattendu et d’une grande franchise sur son pays, qu’il s’agisse de réfléchir à la culpabilité collective après l’arrestation de la secte Aum, de fustiger les manquements du gouvernement ou de partir à la découverte de jeunes artistes (Cocco) ou des populations invisibilisées (les burakus), tout en évitant soigneusement tout manichéisme. Combattre les clichés est dans sa nature, tout comme il estime qu’un documentaire n’est vrai que si la réalité est retranscrite à travers la vision personnelle de celui ou celle qui filme. Quoiqu’il en soit le cœur est au centre de ses travaux, la perte, l’absence, l’interrogation permanente et l’espoir en sont les points cardinaux.
Jamais pompeux, toujours passionnant, et se fustigeant quand nécessaire, Hirokazu KORE-EDA n’en oublie pas pour autant que tout artiste/artisan qu’il souhaite humblement être — même s’il estime être né trop tard (!) —, le cinéma est également affaire de commerce. Ainsi, il distille ici et là, des conseils foncièrement terre-à-terre — Mieux vaut aimer les chiffres, le chapitre est ardu — aux jeunes réalisateurs qui souhaitent se lancer dans le métier, désireux qu’il est de tendre la main à la génération qui vient, comme un hommage à la mémoire des pères spirituels qui l’ont accompagnés lors de ses débuts télévisuels.
Confidences pour confidences, le lecteur y découvre pêle-mêle une téléphagie dévorante qui ne semble pas nonobstant avoir comblé les souffrances d’un fils au père trop souvent absent, un certain goût pour la nourriture — même si comme Hirokazu KORE-EDA le souligne, il trouve plus intéressant de filmer les avant-et-après plutôt que le repas lui-même —, et une passion toujours renouvelée pour les festivals de cinéma(7) auxquels il va jusqu’à consacrer un chapitre. Lieu d’apprentissage idéal pour — idée stratégique s’il en est — se faire connaître lorsque l’on est un jeune réalisateur impatient de vivre de son métier, échanger avec des cinéastes étrangers, y créer même des amitiés indéfectibles comme celle qui le lie à Hou Hsiao-hsien, rencontré aux 3Continents(8), fameux festival nantais dont il parle ici et là en termes élogieux, y faire des rencontres impromptues au sortir d’une projection et croiser dans une rue de Sitges les « yeux d’encre » d’une Ana Torrent de 29 ans (p.254) alors qu’il vient de la découvrir, enfant, dans L’esprit de la ruche de Victor Erice et surtout, partir à la rencontre des publics de tous pays et de leur chaleureuse sagacité en favorisant les projections-débats, poursuivant parfois les discussions hors du cinéma autour d’un verre. On retient également au fil des pages, non seulement les combats à mener pour « relever le débat » mais aussi le plaisir infini et candide de faire partie de la « constellation-cinéma », cette étrange contrée devenue pour lui un pays d’adoption.
Dit autrement, le film de cinéma est une œuvre personnelle. En tant que tel, le metteur en scène peut prendre conscience d’être une goutte dans ce grand fleuve qu’on appelle cinéma. Son film peut appartenir à une autre patrie que celle où il est né et s’est fabriqué. Dans cette patrie du cinéma, sans distinction de nationalité, de peuple, de langue, c’est un patriotisme sain qui peut se développer.
Hirokazu KORE-EDA
Quand je tourne mes films. Chapitre 8. Ce qu’on peut faire avec les séries télévisées, ou pas (p.319)
Pour les cinéphiles/cinéphages qui connaissent bien l’œuvre d’Hirokazu KORE-EDA, comme pour celles et ceux qui ne manqueront pas de s’y plonger pour la découvrir après avoir refermé Quand je tourne mes films, le livre lève le mystère du naturel étonnant de ses très jeunes acteurs/actrices en révélant ses procédés de mise en scène aux fins d’obtenir une vérité proche de la réalité, technique parfois quémandée par les interprètes adultes, signe d’une approbation muette née des excellents rapports, assidûment collaboratifs, jamais tyranniques, qu’il entretient avec son casting. Au demeurant, le cinéaste sait rendre à César ce qui lui appartient et note au fil des tournages les idées dérobées aux un(e)s et aux autres. Sans oublier d’écrire son admiration pour les êtres qu’ils filment, qu’il s’agisse d’une veuve d’un haut fonctionnaire avec laquelle il entretient une relation d’écoute exemplaire ou de l’actrice sud-coréenne BAE Donna, poupée gonflable plus vraie que nature dans Air Doll_2009, dont le talent et le professionnalisme l’ont véritablement transporté. Hirokazu KORE-EDA en profite pour nous faire part d’une anecdote des plus croquignolettes (p.213). Notons aussi de savoureuses pages sur la construction du personnage du paternel pédant de Tel père, tel fils en collaboration avec le musicien et acteur Masaharu Fukuyama.
Le même respect amoureux est porté sur les intervenants de ses documentaires(9) dont on apprécierait qu’ils bénéficient d’une intégrale en DVD, tant les chapitres qui leur sont consacrés sont captivants. Bien que l’homme se prétende apolitique, le documentariste aux convictions tranchées ne mâche pas ses mots quand il s’agit de pointer du doigt l’égoïsme des anciennes générations et se montre tout aussi profondément critique quant à la frilosité des producteurs et au manque de créativité mêlé de paresse des émissions télévisuelles, à l’imp(r)udence des médias et à l’aveuglement hypocrite des décideurs politiques(10). En optant pour des sujets, souvent douloureux, voire controversés, et par ses choix de mise en scène, Hirokazu KORE-EDA remet l’humain et sa complexité au centre de ses préoccupations tout en questionnant le spectateur, prié devant sa télévision de devenir acteur en adoptant « une posture réflexive » (p.145).
Le metteur en scène n’est ni un Dieu ni un juge. En désignant la figure de l’ennemi, on rend certes le film – et le monde – plus facile à comprendre. Mais à la sortie du cinéma, il n’y a aucune chance que ce que nous venons de voir trouve des échos, entre en résonance avec ce que nous traversons dans la réalité de nos vies.
Hirokazu KORE-EDA
Quand je tourne mes films. Chapitre 5. Comment vivre avec l’absence (p.176)
Bien qu’il ait estimé — notamment au début de sa carrière — que la comparaison avec Yasujirō OZU (alors qu’il ne jure que par Mikio NARUSE !) était née d’un malentendu et d’une équation quelque peu expéditive (Japon + famille) de la part des critiques de cinéma, après plus de 25 ans de carrière, Hirokazu KORE-EDA s’est enfin décidé à accepter cette filiation avec délicatesse et reconnaissance.
Que la chose soit entendue, toujours peu convaincu par les effets spéciaux numériques, le cinéaste, s’il s’est adonné en 2012 au plaisir de réaliser une série « qu’on ne puisse comprendre qu’à la condition de regarder l’ensemble des épisodes » (p.318), n’est pas près à céder aux sirènes hollywoodiennes. Quoique… comme il le glisse avec humour « Dans dix ans, si Hollywood vient me chercher pour mon grand-œuvre, il est possible que j’accepte les effets numériques et de filmer Johnny Depp ! Dans ce cas, j’espère que vous soutiendrez mon nouveau challenge avec tendresse… »(11). Croisons donc fort les doigts pour qu’il n’aille jamais s’y fourvoyer et continue de nous éblouir par la richesse humaine exemplaire de son œuvre cinématographique où la réalité est recréée, plus belle, plus cruelle, plus vraie, plus « foisonnante » que la vie elle-même.
Si frustration il y a lorsque l’on parcoure les dernières pages, c’est par la force des choses, Quand je tourne un film ayant été publié en 2016. Il est nonobstant permis de vivement regretter l’absence de chapitre consacré au polar judiciaire The third Murder, œuvre complexe et énigmatique sortie en 2017. Il eut été fascinant pour tout cinéphile/cinéphage qui se respecte d’en apprendre un peu plus sur sa collaboration avec Kôji YAKUSHO, longtemps compagnon de route/alter ego de Kiyoshi KUROSAWA(13), avant que ce dernier ne décide de confronter son cinéma à d’autres contrées, dont la France, renouvelant son imaginaire tout en continuant de creuser un sillon très personnel.
Mais on ne peut rendre compte ici de toute la richesse de cet ouvrage qui ouvre des perspectives sur l’œuvre encore à venir et éclaire certains films d’une lumière inédite, en posant ça et là quelques judicieux indices, petits cailloux soigneusement polis par la pratique documentaire d’Hirokazu KORE-EDA. Le mieux pour tout(e) un(e) chacun(e) est encore de s’y plonger.
Si je m’en tiens à la maxime de Nagisa Oshima(12), où en suis-je de ma « belle saison » ? L’ai-je achevée ? Me reste-t-il encore du temps ? A-t-elle seulement commencé ? De temps en temps, je m’interroge sur ce sujet. Je pourrais juger mon style mais je n’ai pas d’idée précise sur ce qui peut le définir. J’ai cette conviction que l’hommage(13) est plus important que l’image. L’épuisement des ressources imaginatives ? Je m’en soucie comme d’une guigne ! Mes enjeux sont ailleurs. Quel niveau de maturité puis-je atteindre dans la façon dont je fais face au monde, dont je fais face aux films ? Ai-je ce que cela réclame ? Voilà ce sur quoi je veux continuer à réfléchir.
Hirokazu KORE-EDA
Quand je tourne mes films. Chapitre 5. Comment vivre avec l’absence (p226)
(1) « Je voulais dépeindre un monde en nuances de gris, plutôt que dans l’opposition tranchée du noir et blanc. » Chapitre 5. Comment vivre avec l’absence (p.169)
(2) Année de sortie d’Après la tempête, un de ses films les plus autobiographiques avec Still Walking, sélectionné à Un Certain Regard à Cannes
(3) Selon Hirokazu KORE-EDA qui estime ne pas être dupe du triomphe de son film à Cannes : « cette récompense est celle de la continuité et de la persévérance. » (p.408)
(4) L’actrice Kirin Kiki, avec laquelle Hirokazu KORE-EDA a tourné six films, est décédée en septembre 2018. Une affaire de famille est donc leur dernière collaboration et le cinéaste ne manque pas de s’interroger sur le manque cruel que créera son absence lorsqu’il tournera un nouveau film au Japon
(5) Il est d’ailleurs amusant de noter qu’en tant de cinéaste japonais, il estime avoir été audacieux en engageant notre Catoche nationale et Juliette Binoche. Cette dernière l’avait sollicité dès 2004. (p.411).
(6) « J’étais ébranlé. Cette stratégie internationale n’était pas dans la tournure d’esprit japonaise. Nous avions une posture bien plus introvertie. Je crois que c’est toujours le cas aujourd’hui. […] Participer à un festival, c’est comme faire une excursion aller-retour. On y va, on s’en retourne. Au mieux avec un prix sur le bras. J’avais cette façon de penser. » Chapitre 1. Une première œuvre sur story-board (p.34)
(7) Hirokazu KORE-EDA nous délivre son top 3, loue Toronto et Busan… et le Festival International du Film de Tokyo en prend pour son grade.
(8) After Life y remporte le grand prix, ex-aequo avec Xiao Wu, artisan pickpocket de Jia Zhang-Ke, lors de la 20e édition en 1998.
(9) Certains de ses documentaires ont été projetés au Festival de La Rochelle en 2006 lors de l’hommage qui lui a été rendu. On peut lire sur le site du festival, le texte de présentation KORE-EDA, un théorème japonais signé Christophe Honoré qui confesse ne rien connaître de la vie du réalisateur. Avec Quand je tourne mes films, le lecteur trouve donc désormais une occasion formidable de remédier à cette ignorance.
(10) « On s’interdit d’avoir une histoire quand on se prive de l’examen du passé. » Chapitre 4. Ni noir, ni blanc (p.147)
(11) Chapitre 8. Ce qu’on peut faire avec les séries télévisées, ou pas (p.316)
(12) Selon laquelle les auteurs ne peuvent « produire d’œuvres de fiction qui fassent sens que durant une dizaine d’années. » (p.225)
(13) Kôji YAKUSHO et Kioshi KUROSAWA ont tourné 8 films ensemble, de 1997 à 2008. Voici ce qu’écrit Hirokazu KORE-EDA sur sa collaboration avec Hiroshi ABE : « L’acteur principal, Hiroshi ABE, était devenu père et avait atteint la cinquantaine. Je voulais le placer avec « Après la tempête » dans des relations familiales plus complexes que dans « Still Walking ». Il est cette fois un fils, un mari et un père. Ce doit être exceptionnel qu’un acteur est un metteur en scène aient l’occasion d’avancer conjointement en âge et en savoir-faire. Je savoure la chance qui m’est donnée. Sur la lancée, j’aimerais tourner un film avec Hiroshi ABE quand il aura atteint la soixantaine. » Quand je tourne mes films. Chapitre 9. Portrait du réalisateur en cuisinier (p.373)
(14) Hirokazu KORE-EDA reprend l’idée exprimée par le photographe Nobuyoshi ARAKI « Ce qui manque dans les photographies actuelles, c’est l’hommage » et à laquelle il souscrit entièrement. « Le plus important pour lui dans une photo, ce n’est pas l’image, au sens de ce que produit l’imagination du photographe, mais l’hommage, c’est-à-dire l’amour qu’il porte à ce qu’il photographie. » Chapitre 5. Comment vivre avec l’absence (p.225)
Pour moi, le passé, le présent et le futur sont sur un axe horizontal. Les défunts vivent sur cet axe. Ils nous critiquent en transcendant le temps. Quant aux enfants, ils vivent dans notre temporalité, mais sur un axe vertical. Ils nous critiquent depuis un point éloigné. Les morts et les enfants sont deux leitmotivs de mon œuvre. J’ai l’intuition de leurs regards critiques sur notre société, depuis l’extérieur.
Hirokazu KORE-EDA
Quand je tourne mes films. Chapitre 9. Portrait du réalisateur en cuisinier (p.339)
Un grand merci à Frank Sylvain.
Quand je tourne mes films de Hirokazu KORE-EDA.
Essai sur le cinéma. Traduit du japonais par Saeko Takahashi & Stéphane de Torquat
© Atelier Akatombo — Parution : 28 novembre 2019