Pickpocketons sous la pluie. Avec Sparrow, divertissant ballet de courses-poursuites, vols à la tire et langues tirées, Johnnie To s’offre une petite fantaisie entre deux polars brutaux (le superbe et violent diptyque Election).
Papy Indy fait de la résistance. Un peu d’honnêteté… étant donné le nombre de blockbusters et de nouveaux héros apparus ces deux décennies, nous a-t-il vraiment manqué le professeur Jones ?
Les réalisateurs aussi ont commencé petits. Le film à sketches peut se révéler un exercice aussi cruel que le film choral car il pointe inévitablement le manque d’originalité des uns au vu du talent des autres. Enfances, qui narre d’imaginaires tribulations enfantines de six grands cinéastes (dans l’ordre, Fritz Lang*, Orson Welles**, Jacques Tati***, Jean Renoir****, Alfred Hitchcock***** et Ingmar Bergman******), n’échappe pas à cette règle.
Offre d’emploi.
Autant en emporte le tsunami. Ce pourrait être le prélude d’un western (spaghetti de préférence, ce sont les plus cruels). Une ville fantôme, abandonnée des dieux et des hommes, un étranger arrive et séduit la seule femme du coin, les rescapés se liguent contre lui…
Portrait d’un Rastignac en icône gay. Désinvolte, honnête, primesautier, hâbleur, fair-play, mélancolique, ambitieux, cynique, enthousiaste, lucide, dépressif ou vraie langue de pute, Rupert Everett nous délivre dans cet autoportrait à l’humour ravageur quelques pages hilarantes sur les tournages en Russie, son amitié avec Madonna et la découverte des séries télévisées de prestige en compagnie de Josée Dayan.
Femme perdue, cheveux gras. Ce qu’il y a d’agaçant avec certains films, c’est qu’ils ne sont pas à la hauteur du talent de leurs interprètes. En l’occurrence, pour Passe-Passe, Tonie Marshall a bénéficié d’un casting de première classe.
Déjà vu et Même pas peur sont dans un bateau. Remake perverti de Cannibal holocaust de ce brave Ruggero Deodato, la partie de campagne des ethnologues étant remplacée par la jungle des banlieues ibériques, Rec est un petit film d’horreur réalisé par un abruti aux ordres de la présentatrice (Manuela Velasco, parfaitement horripilante) d’un programme télévisé soporifique, prête à tout pour gagner quelques points d’audience, y compris mourir pour un scoop…
One (iron) man show. Avant de voir une bombinette portant ses armoiries lui sauter à la tronche et changer son avenir à jamais, Tony Stark a le temps de s’offrir un cours de lutte gréco-romaine en compagnie d’une journaliste bombasse, faire une démonstration de son matos ultra-révolutionnaire pour une guerre bien sale et follement bruyante, siroter un excellent champagne, draguer sans vergogne une soldate de l’empire du bien, poser pour la postérité avec les boys, balancer deux/trois vannes niaiseuses qui ne font rire que lui et sentir enfin une fois dans sa vie l’adrénaline qui monte comme sève lorsque l’on sait sa dernière heure arrivée.
La grande déconfiture. Opérant un drôle de mélange d’Agatha Christie sans son Poirot et du jeu du cluedo auquel fait immanquablement penser la belle affiche de Floc’h (mais qui diable a bien pu tuer le docteur dans la piscine avec le révolver du maître de céans retrouvé dans les mains de la femme de la victime ? mystère…), Pascal Bonitzer semble s’être également beaucoup amusé à parodier Alfred Hitchcock (cf. le décalque éhonté de l’épilogue de La mort aux trousses).
Gueule de bois à l’italienne. Entre le chanteur de son groupe qui s’écrase comme une merde (n’est pas Peter Gabriel qui veut) au milieu d’un public parsemé qui s’est écarté prudemment en le voyant plonger et sa fiancée qui offre ses charmes à un guitariste à succès bien plus jeune que lui, Stefano (incarné par Valerio Mastandrea, période clown blanc et cœur de rocker), démoralisé, quitte Rome pour Rimini où il compte se ressourcer.
Remboursez ! Se contenter de tabler sur le capital sympathie de Jean Dujardin ne suffit pas, encore faut-il lui offrir une belle partition à jouer. Rien de tel ici.
L’homme qui chute. Les amateurs de bruit et de fureur, de cris et de chuchotements, de batailles familiales homériques peuvent passer leur chemin.
All about Ismahan. Une jeune Américaine, Lola, folle d’entrechats et un tantinet bécasse (Laura Ramsey, aimable blondinette aux faux airs d’une Renée Zellweger moins crispante) tombe amoureuse d’un charmant Égyptien.
Douleur, oubli et pardon : les voyages de Juliette. Le film débute par une belle rencontre imprévue entre Hiam Abbas et Leron Lovo, un simple échange de cigarette dans un train s’achevant par une étreinte comme un pied de nez à la bêtise réincarnée en douanier censeur.
Cette fois, y a mort d’homme. Parfois, la belle au bois dormant n’est pas celle qu’on croit. Robert Guédiguian retrouve son trio infernal pour un film aussi noir que les yeux de jais d’Ariane Ascaride. Marie-Jo retrouve ses deux amours, mais ils ont bien mal vieilli les “soixante-hui(trop)tard” et ont mal à leurs principes.
Tilda est grande et Zonca est son prophète. Pour ceux qui n’ont jamais vu de films de Derek Jarman ou ont raté Orlando de Sally Potter où Miss Swinton se payait le luxe de changer de sexe en cours de film sans altérer sa beauté hiératique, ni subir cinq heures de maquillage, il faut aller voir Julia.
Charlton Heston [4/10/23-5/04/08]
Inutile de tirer sur l’ambulance, Charlton Heston s’en est lui-même chargé. Nonobstant, il serait dommage de ne se souvenir que du piège fomenté par Michael Moore qui se paie dans une seule séquence de Bowling for Colombine Ben Hur, Moïse et Le Cid incarnés.
24 mars 2008, fondu au noir. L’homme était si discret que je le croyais disparu depuis longtemps en compagnie de Fonda et de Stewart ou après Mitchum. Enfin, bref, déjà mort.