Jour 6. Décidément, la Corée a la côte*.
Bien qu’en début d’après-midi en pleine semaine, la salle 500 affiche un joli quota de spectateurs pour Hwa Yi: A monster boy de Jan Joon-Hwan avec le choupinet Yeo Jin-goo et Kim Yoon-seok, l’acteur fétiche de Na Hong-jin (The chaser, The murderer), qui ballade tout au long du film un visage long comme un jour sans kimchi. L’histoire de ce garçon enlevé par une bande de malandrins puis adopté et formé à leurs « spécialités » est surprenante. Bien qu’extrêmement doué, l’adolescent révèle une faille psychologique doublée d’un trop plein de sensibilité qui va les mener à leur perte. Néanmoins, malgré ses qualités intrinsèques et une incursion dans le fantastique, Hwa Yi peut-il rivaliser cette année avec A hard day de Kim Seong-Hun, sans nul doute plus accessible ? A noter que la seconde séance prévue samedi 13 septembre affiche complet sur le site. Il faudra donc se lever tôt le 13 pour bénéficier des dernières places vendues en caisse.
Faults de Riley Stearns est un drôle d’objet. S’attachant à décrire les étranges relations qui s’instaurent entre une jeune victime de secte et un spécialiste de la « déprogrammation mentale », lui-même bien atteint par des traumas personnels (Leland Orser, un habitué des seconds rôles dont on se souvient toujours du visage mais jamais du nom, bizarrement hilarant comme à son habitude), le film ne tient malheureusement pas jusqu’au bout ses belles promesses. Démarrant cette dramatique histoire sous les auspices de la comédie du malaise, le réalisateur tente de nous endormir (certains l’ont pris au mot) tout comme les victimes désignées, alors que nous avons déjà commencé à dévider les secrets d’un scénario pas aussi retors qu’il le souhaiterait. Dommage. Les airs de fausse candide de Mary Elizabeth Winstead font merveille mais le thème ne souffre pas de demi-mesures.
Takashi Miike poursuit ses adaptations théâtrales d’œuvres du kabuki avec Over your dead body/Kuime où un couple d’acteurs/amants à la ville se mettent à confondre art et réalité. Faisant fi de l’hystérie ou de l’ambiance frappadingue de certaines de ses créations (Visitor Q, Gozu, Ichi the killer), le réalisateur offre avec Kuime une de ses œuvres les plus glaçantes, sans toutefois atteindre les sommets de cruauté de Audition. Distribuant parcimonieusement les scènes-choc, Kuime est avant tout une histoire d’amour fou qui ne souffre aucune imperfection. Son héroïne (Kō Shibasaki), vampirisée par son rôle, en arrive parfois à certaines extrémités bien peu ragoutantes sans que le film ne se départisse de son étourdissante beauté. Les kaidans ont encore frappé. Seconde projection prévue samedi 13.
Jour 7.
Une fois n’est pas coutume, la journée va être courte. Peter Brunner, le réalisateur de My blind heart présenté en compétition étant un ancien élève de Michael Haneke — et le pitch ne promettant guère qu’il soit badin —, je crains fort ne pouvoir ensuite supporter de voir quel qu’autre film que ce soit. Tant pis pour Down terrace de Ben Wheatley — Kill list découvert en 2011 à L’Étrange Festival et Tourists — découvert en DVD et qu’il m’aurait été agréable de voir sur grand écran.
A découvrir toutes affaires cessantes pour ceux qui ne l’auraient jamais vu (!?), Videodrome de David Cronenberg sera une des rares pépites de l’étrange à être projetée dans la salle 500. Repassent également ce jour Asphalt watches, le machin animé de Shayne Ehman & Seth Scriver (Conseil : suçotez un buvard au LSD avant), It follows de David Robert Mitchell, Alléluia de Fabrice du Welz et Killers des Mo Brothers. Quant aux amoureux de Bollywood, ils pourront se précipiter (en salle 30 !) sur l’inénarrable Endhiran, Robot the movie de S. Shankar.
* Ce qui devrait contenter le taulier de L’impossible blog ciné, programmateur du FFCP dont la 9e édition se tiendra cette année du 28 octobre au 4 novembre prochain.
A consulter : le programme complet par salles
My blind heart de Peter Brunner_2013
avec Georg Friedrich, Christos Haas et Susanne Lothar
A suivre…