[Au fil des films] Journal de bord 2019/1

Pas vraiment ready mais on va quand même y aller tout en consultant les programmes de début d'année made in Cinémathèque & Forum des Images © FredMJG

Nous voici en 2019. Il est donc l’heure comme promis de débuter une nouvelle rubrique que j’espère bimensuelle, voire hebdomadaire si j’écris longuement ou vois trop (? hérésie !) de films et qui durera… et bien le temps qu’elle le doit. Aucune contrainte ne sera exercée sur ma personne ou c’est sans culpabilité que je fermerai ce blog qui m’encombre parfois un peu je l’avoue. Et pourtant, il m’a tant apporté en rencontres comme en désaccords, en amitiés — IRL ou pas — comme en troubles, en enthousiasmes comme en agacements, qu’il finirait par me manquer le bougre si je l’abandonnais. Ne tirons pas de trait sur la comète, et à nouveau, à vous tou(te)s qui passez par ici, et repasserez peut-être par là, nous vous la souhaitons bien bonne et fructueuse en petits & grands bonheurs. Et surtout, ne lâchez rien ! Rendez-vous au cinéma.

01/01/2019. Une mauvaise nouvelle dès potron-minet sur Twitter (faut que j’arrête*, je sais). Edgar Hilsenrath a décidé qu’il avait assez ri et a préféré demeurer en 2018 pour l’éternité. A lire et à relire, Le nazi et le barbier, Nuit, Fuck America, Orgasme à Moscou et tant d’autres, tous aussi drolatiques, iconoclastes, mal élevés et monstrueux à la fois, tous édités sous de superbes couvertures signées Henning Wagenbreth aux éditions Le Tripode. Pour nous consoler, sa dernière œuvre, Terminus Berlin, paraîtra à la mi-février.

* Cela sera sans doute malaisé vu que j’ai répondu présente au #WatchingClassicsChallenge2019 de Thierry Barnaudt (@tbarnaud), cinéphile lyonnais et grand amoureux d’Yves Vincent et des sondages en tous genres. 3 thèmes généraux sur l’année — 1 pays • 1 réalisateur/rice ou acteur/rice • 1 personnalité de l’ombre —, déclinés en 3 sous-thèmes chaque mois. Juste histoire de tester si oui ou non je peux me soumettre à une contrainte d’ordre cinématographique, et surtout combien de temps cela va m’amuser. Pour janvier, sur une proposition de l’acteur Denis Menochet, le challenge concerne le Japon • Philippe Noiret • Darius Khondji… Trop fastoche là !

Attention, chute prochaine de chamallows sur Niels Schneider dans Les amours imaginaires de Xavier Dolan © MK2 Diffusion — MUBI — FredMJG

Petite consolation tout en comatant dans son café : s’installer illico devant Les amours imaginaires qui clôt – après Tom à la ferme & Laurence Anyways — la trilogie Xavier Dolan, petite sucrerie proposée par MUBI pour fêter la fin de l’année. Même si je trouve encore que mon texte était bien trop long, je n’en changerai pas une virgule après avoir revu les tribulations du trio infernal filmées par ce chenapan. C’est toujours un enchantement. Ah ! ce bonbon sournoisement acidulé de Nils Schneider… Le plus amusant est qu’il a la même gueule d’ange aux boucles généreuses que le héros de El angel, film argentin de Luis Ortega passé par Un Certain Regard, qui sort le 9 janvier. Grand hâte d’aller découvrir ce thriller à la douceur diabolique que nous promet Télérama. Dites les gens du marketing, si vous vous engagiez cette année à ne pas ruiner le boulot des graphistes en n’écrivant pas tout partout sur leurs affiches ? Merci #bisou.

Le temps est doux
Dans les rues
Un monde fou
[Haïku*]
* premier et dernier de l’année, rassurez-vous

Ayant décidé de finir mon année cinéma 2018 avec un film au titre sublime : Un violent désir de bonheur, signé Clément Schneider, une œuvre bien jolie, mais comment pourrait-il en être autrement puisqu’elle s’ouvre sur un moinillon alangui sur une branche (le tout à fait charmant Quentin Dolmaire, un jeune homme à suivre) qui va bientôt rencontrer un chat roux ? je me trouvais fort dépourvue quand le choix d’un rattrapage fut venu. Tirant une formidable flemme, et n’ayant guère envie de débuter 2019 par une tragédie, j’oubliais le Cold war de Paweł Pawlikowski que passe encore Les 3 Luxembourg et me décidais d’aller aux Halles me détendre les neurones devant Aquaman de James Wan. Bien m’en a pris, quoique le gredin m’ait piqué sans vergogne 2h24 de ma vie.

UCG Ciné Cité Les Halles. Une de ces affiches en promet un peu trop © FredMJG

Aquaman de James Wan

Atlante perdu, cheveux gras (parce qu’il le vaut bien). Aquaman à la recherche du trident perdu ou la légende arthurienne appliquée aux sushis tendrait presque à nous réconcilier avec les comics tant 1/ il ne se prend guère au sérieux ; parfois, pourtant, on apprécierait que ce clin d’oeil sur pattes de Jason Momoa s’attela à la tâche de manière moins badine 2/ le film s’emploie généreusement à nous en coller plein la vue à coups de CGI (toujours aussi mochtronnes malheureusement et rendant les batailles quasi illisibles ; précisons que le film fut vu en 2D, mon œil torve m’en remercie), d’humour souvent potache, de décors aux couleurs chatoyantes et de folles aventures poissonneuses. Avouons-le, même s’il serait souhaitable d’arrêter de faire sonner le tiroir-caisse et d’éviter de nous en remettre une vague*, le public en a ici pour son argent. Le spectacle est assuré à 200% et convoque un fabuleux barnum aquatique. On crierait presque grâce devant une telle énergie créative.

Si une Atlantide toute kitschounette git sous 30 tonnes de sacs plastiques et quelques arpents de marée noire, Aquaman le baraqué s’offre le luxe de respirer sur terre, sous mer et dans les airs et d’avoir pour géniteurs un Temuera Morrison bien plus débonnaire que dans L’âme des guerriers** et l’affriolante Nicole Kidman dont le visage est devenu un effet spécial à lui tout seul… Il faudra bien qu’un jour l’on se penche sur le cas de toutes ces jolies femmes qui n’hésitent pas à s’abîmer pour arrêter le temps. Bref ! Revenons à notre poiscaille. Suite à quelqu’imbroglio licencieux, car oui, les amours en Atlantide, c’est compliqué, Aquaman hérite d’un demi-frère, le très graou Patrick Wilson à qui les fringues en écailles siéent joliment et qui arbore une blondeur toute fasciste qui lui monte au chignon, lui fait ourdir des complots Et si je devenais le maître des mondes ? (air archi connu des méchants de Marvel, s’ils pouvaient changer de disque ça nous ferait des vacances à la plage, merci) et proférer des fadaises du genre Il peut pas être roi l’autre thon, il est pas de sang pur ! Et de médire sur sa maman. Nicole en est fort marrie même si elle a un peu de mal à froncer les sourcils.

Si l’on ajoute que cette murène prénommée Orm est prête à toute les ignominies pour évincer et son roi (Dolph Lundgren déguisé en Richard Harris) et son frère (Tu prends des notes Loki ?), y compris s’allier avec un Black Manta (Yahya Abdul-Mateen II) dont la tête ne déparerait pas un bon vieux Godzilla des familles, que sa promise malgré elle — les Atlantes ont une manière très personnelle de crever dans l’œuf tout désir d’indépendance femelle — a les traits charmants et le caractère bien trempé d’une Amber Heard camouflée sous les oripeaux de Poison Ivy (#Instantfashion. On adore sa robe-poulpes. Elle doit bien craquer sous la dent) et que son vizir allie une coiffure de samouraï trop kawaii à la mâchoire carnassière de Willem Dafoe, Arthur-Jason Momoa n’aura jamais dans sa besace assez de charme tatoué et d’œillades incendiaires pour relier les 7 mers, en devenir le monarque incontesté et surtout, ô grand surtout, reconstituer la Famille avec un grand F, parce que bon hein ! les morts, ça fait désordre. Oui, pardon, j’ai spoilé mais si l’Infinity war des Avengers signé des frères Russo montrait le côté sombre du super-héroisme, force est de reconnaître qu’Aquaman sonne plutôt comme une friture bon enfant qui peut être appréciée à tout âge. Splash !

* la scène post-générique nous souffle dans l’oreillette que par notre foi, Marvellywood serait bien tarte de s’en priver
** Lee Tamahori_1995

Sur la couverture des Cahiers du Cinéma, Isabelle Huppert dans Frankie d’Ira Sachs © Guy Ferrandis/SBS Productions — Cahiers du Cinéma — FredMJG

02/01/2019. C’est mercredi, c’est jour des sorties* !  et notre Zaza nationale est en couv’ des Cahiers du cinéma pour les films les plus attendus en 2019… Et effectivement, la seule beauté de ce plan nous ferait trépigner si l’on n’avait pas déjà écrasé une larme devant Love is strange. Alors, vivement Frankie d’Ira Sachs ! Et Benedetta de Verhoeven, et Jeanne de Dumont, et Sibyl de Triet et toutes les autres pelloches annoncées. Également au programme du mag’, outre le Top Ten 2018 des lecteurs (dont tous les titres ont été distingués dans le désordre par la #TeamTopMensuel), une palanquée d’entretiens, avec entre autres Ryusuke Hamaguchi, qui avait présenté le magnifique Asako I&II au FIFIB 2018, Apichatpong Weerasethakul et Bob Murawski, monteur de The Other Side of the Wind, film inachevé d’Orson Welles et disponible sur Netflix, à voir en parallèle avec le passionnant documentaire de Morgan Neville, They’ll love me when I’m dead, et enfin, une notule assassine signée Joachim L. du dernier Robert Zemeckis, Bienvenue à Marwen, qui est sur ma liste de films à ne pas rater en janvier… Inutile de préciser ici que je conseille vivement à tout(e) spectateur/trice potentiel(le) d’aller se faire sa propre idée et de ne point s’arrêter à quelques méchants épithètes. D’ailleurs, une autre de mes attentes, Un grand voyage vers la nuit, le second film de Bi Gan — Kaili Blues est dans mon Top 2016 diantre ! — , en prend aussi pour son grade sous la plume de Jean-Philippe T. [Note à moi-même : résolution supplémentaire pour 2019, cesser d’acheter des magazines ou n’en lire que les interviews].

* 9 nouveaux films et 3 reprises

Arrivée des Fiches du cinéma en numérique. Adieu papier-marteau-ciseaux ! Mais retour à l’hebdo. Leurs publications manqueront au bordel gisant au fond de mes sacs puisque je les trimballais constamment avec les programmes du FDI et de la Cinémathèque. Tout passe, tout lasse, tout casse.

Un plaisir certain à l’UGC CIné Cité Les Halles, prendre son café sous le regard malicieux d’Elijah Wood (photographié par Eddy Brière) © FredMJG

Il fait si bon que c’est une journée à aller au ciné. Aujourd’hui, place à l’animation pour deux films américains, radicalement dissemblables, que ce soit dans leur facture ou leur réception.

Spiderman: New Generation/Spider-Man: Into the Spider-Verse de Bob Persichetti, Peter Ramsey & Rodney Rothman

L’araignée de Brooklyn. Spider-Man: Into the Spider-Verse ou Spiderman : New Generation (rions un peu avec les traducteurs) est — n’ayons pas peur des gros mots — une splendeur ! tant au niveau narratif que graphique. Réinventant la figure de Peter Parker — qui a connu moult visages, de Tobey Maguire à Tom Holland, en passant par Andrew Garfield. Ici, c’est la voix de Chris Pine qui s’y colle , Spiderman : New Generation choisit d’occire son héros pour le démultiplier ensuite à foison dans une aventure menée tambour battant. Nouvelle génération oblige, Spider-Man: Into the Spider-Verse met en scène Miles Morales. La vie de ce gamin afro-latino-américain va prendre une tournure des plus foldingues dès lors qu’il se fait piquer par une araignée radioactive et découvre, en sus de super pouvoirs démentiels, qu’il n’est pas le seul car dans tout monde parallèle au notre, il y a quelqu’un — voire quelque chose, et l’une d’elle possède la voix de l’ineffable Nicolas Cage en très grande forme — qui a connu pareille mésaventure.

Et comme de bien entendu, il s’agit encore une fois de sauver la planète des griffes du Caïd, une montagne de méchanceté qui ne rêve que de crever la terre entière pour que sa belle lui revienne… Ah l’amour ! que d’horreurs ne prétend-on pas commettre en ton nom ?

Il n’est guère difficile de deviner où vont les préférences du trio de réalisateurs puisque l’hilarant biopic de Parker est conté par une succession de plans iconiques signés Sam Raimi (j’avoue pour ma part m’être arrêtée à sa trilogie quant à la découverte des films dédiés à l’homme-araignée). Et en un clin d’œil, feu-Stan Lee himself vient adouber les aventures de leur jeune héros.

Un scénario d’une grande intelligence et d’une générosité (décidément !) sans égale démultiplie les références et fait la part belle à l’action tout en privilégiant les drames familiaux qui se jouent en sourdine puisqu’il faut bien que l’héroïsme naisse de grandes pertes. Visuellement, c’est un feu d’artifices, un régal pour la rétine, les dessinateurs ayant usé, voire abusé de toutes les possibilités que leur offre l’animation tout en mélangeant les styles sans vergogne aucune.

Deviendrais-je une Marvel fan ? Devant ce film fougueux, généreux et esthétiquement proche de la perfection : il y a des chances.

UGC Ciné Cité Les Halles — Steve Carell le magnifique, sans qui on ne pourrait y croire à cette « incroyable histoire vraie » bombardée par l’affiche © FredMJG

Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis

La cité des femmes-poupées. Le film débute à peine et nous voilà plongés en plein combat aérien. L’avion de Mark, un héros à la cool tout droit sorti de Stalag 13 — mais où diable est passé le débonnaire Sergent Schultz ? — s’écrase et ses pompes s’enflamment. […]

Merci de vous rendre sur la page dédiée au film pour lire la suite de la chronique.  [Note à moi-même : arrêter d’écrire trop longuement sur les films que je vois ou je ne m’en sortirai jamais].

Ce billet promettant d’être interminable, nous allons nous arrêter là. Le pointage des réjouissances cinématographiques reprendra dans quelques jours.

A suivre.

Si vous avez manqué le début d’Au fil des films