[Tag] Le pourquoi du comment de la fondation d’un blog

Les mains de Robert Mitchum dans La nuit du chasseur de Charles Laughton © United Artists

Créer un blog… WTF ?! Damned ! encore taggée ! quel terme étrange comme venu d’un autre âge… pour causer d’un objet dont on ne cesse d’assurer qu’il est déjà mort. Alors que tant de blogs naissent chaque jour (et qu’autant sans nul doute s’éteignent lentement dans l’indifférence quasi-générale)…

Des blogs certes, mais aussi leur avatar, le webzine, bien mieux considéré…  Il me souvient qu’il y a quelques années, n’étant pas encore très au fait des us et coutumes, j’avions avec force bels épithètes causé d’un blog pour me faire remettre à ma triste place d’hurluberlu décadente par un « nous tenons un webzine » péremptoire, oups ! pardon ! mes confuses ! toussa. J’avais déguerpi derechef et n’y étais jamais retourné, trouvant insensé que l’on m’accusa de lancer des injures inconsidérées, alors que je n’étais qu’admiration, paix et amour sur leur bl… euh, « webzine », donc.

Si le blog n’est pas mort, celui que vous avez sous les yeux commence à sentir des posts tant il est négligé. Je me suis souvent laissé tenter à baisser la grille et jeter la clé pour d’autres aventures et puis, non. Autant que cette chère petite chose vaine — car oui, les blogueurs sont vains, il est temps que la vérité se fasse jour. Nous écrivons pour nous certes mais avec la secrète et sournoise pensée que ce ne nous tapotons allègrement sur le clavier soit lu, et hérésie, qu’on la jette aux lions ! plaise parfois au quidam. Si cela n’était pas, nous continuerons de noircir des journaux intimes qui pourriraient tranquillement loin des regards indiscrets — vieillisse et disparaisse avec moi donc. Car si je fermais, il serait certain, que mus par un simple esprit de contradiction profondément ancré en ma carcasse, mes doigts agités se retrouveraient à nouveau en mouvement pour — enfer et webzine déglingués ! — ouvrir un autre bidule, encombrant ainsi l’espace des internets qui n’en demande pas tant. Alors mon p’tit vieux, entre nous, ce sera à la vie, à la mort ! Et au-delà me souffle Buzz qui a encore oublié de prendre ses gouttes.

Ce bon gros matou de pasteur Powell/Robert Mitchum se préparant à remplir les tableaux de Zoom arrière © Paul Gregory Production
Ce bon gros matou de pasteur Powell/Robert Mitchum se préparant à remplir les tableaux de Zoom arrière © United Artists

Pourriez-vous répéter la question ?

Ah oui. Comment en vient-on à ouvrir un blog ? Né de pertes irrémédiables, le mien ambitionnait au départ, ne riez pas ! de traiter de toute la culture, parallèlement à un travail alimentaire qui commençait à m’ennuyer au plus au point. Baptisé dans l’urgence, FredMJG blogue and bulle (du verbe rien branler), il existe toujours dans les limbes. Ouvert en mars 2008, suite au décès de ce beau monstre de Widmark (pourquoi ai-je éprouvé le besoin d’écrire sur ce sujet, le diable probablement), un blogueur indonésien s’empara du titre quand je l’abandonnais pour Les nuits du chasseur de films, pour finalement abandonner sa propre verve bloguesque en 2012. Sans doute est-il parti vers un ailleurs plus amusant. A noter que je lui avais fait deux fois la toilette mais que Blogger ne me convenait plus. Pour le moment, et après un premier jet, plus simple et concis que le modèle actuel, mais aussi plus ennuyeux, mon machin se trouve au chaud sur la plateforme de WordPress, qui me corrige dès qu’il y a une mise à jour. Et cela est bien, car je n’ai plus trop l’intention de farfouiller dans la technique.

éléments de réponse : Pour m'asseoir sur les genoux de Robert Mitchum à la place de Sally Jane Bruce dans The night of the hunter de Charles Laughton_1955 © Paul Gregory Production
Pourquoi créer un blog ?
Mais pour m’asseoir sur les genoux de Robert Mitchum à la place de Sally Jane Bruce dans La nuit du chasseur de Charles Laughton bien sûr © United Artists

Mais pourquoi écrire ? [et pourquoi pas ?]

Aussi loin que remontent mes pensées, l’écriture fut comme la fumette, un besoin irrépressible. Si ce n’est que j’ai commencé à écrire, et notamment sur les films, bien avant de goûter au péché fumeux. Je spoilais d’ailleurs les histoires sans complexe, en écrivant dans des petits cahiers à carreaux sur lesquels je recopiais religieusement le casting (je me fichais un peu des techniciens, pour moi, ceux qui taffaient réellement pour le film étaient les ombres gesticulantes sur l’écran) et collaient des photos découpées dans le journal, encrées et baveuses ou issues de magazines. Ainsi une de mes plus mémorables critiques fut-elle celle des Cow-boys où j’annonçais donc que John Snow Wayne mourrait mais que c’était impossible vu que le grand échalas qui était censé le flinguer était d’une invraisemblable mocheté. Impossible d’être si affreux et de savoir tirer (Cher Bruce Dern, si vous me lisez, pardon. J’étais jeune, j’étais folle. Mais bon, reconnaissez aussi que vous n’aviez pas un physique facile). Un beau jour, patatras, suite à une querelle fraternelle, tous mes découpages, notes et autres écrits velléitaires partirent dans le vide-ordure. D’où, sous coup férir, ma désormais manie de ne rien tenir pour acquis et définitif et surtout, de me foutre comme de l’an 40 de toutes possessions matérielles. Ce qui n’est pas plus mal. Ainsi, un jour WordPress  s’effondrera et mes élucubrations avec lui.

Mais je m’égare. Revenons à nos blogs. Enfin, au mien. De lire les autres, sur feu-la plateforme d’AlloCiné et ailleurs, me titillait bien sûr mais encore fallait il que je perde l’habitude d’être trop occupée, à lire, à aller au cinéma, au théâtre, au Musée, à compter mes doigts de pied, bref, il fallait que je m’arrête un peu de vivre pour moi et que je m’organise. L’homme, voire la femme, chasseur de films qui plus est, est chose étrange parfois. Chantre du désordre, je n’y suis toujours pas parvenue à ce jour, manquant au fil des ans de ce temps si précieux. Mais depuis 2005, quelques idées germaient — trop ambitieuses, voir plus haut — des suites d’un manque terrible de tant de moitiés épistolaires, évadée de la vie pour l’un ou partie pour d’autres aventures pour d’autres, me laissant bien marrie avec de si belles matières sans pouvoir les partager avec les habitué(e)s de mes lettres logorrhéiques. Sans compter un nouveau coup du sort, professionnel celui-là, en 2008, qui scella définitivement ma décision. Et voilà que ce damné Richard Widmark prit la tangente au mois de mars, et que cela me prit une bonne partie de la nuit à me souvenir de lui. L’homme inquiet fut donc mon premier texte.

Continuant à écrire, glissant deux/trois allusions de ci delà, j’eus quelques bons retours et — dingue non ?— un lecteur fidèle (qui répond toujours à l’appel aujourd’hui), suivi par d’autres. Puis, pour faire court, des échanges avec un certain gang, toujours autant d’actualité. Puisque chaque mois, pour nous athées cinéphages, c’est la grand messe de Zoom arrière où nous nous retrouvons chacun(e) face à nos souvenirs (Mauvaise habitude entre nous soit dit qui me permet de nourrir au moins une fois la bête).

Désormais, Les nuits du chasseur de films, sont ce qu’elles sont. Avec un manque cruel d’actu c’est certain, mais je m’en remettrai. Avec des jeux à la noix où il n’y a jamais rien à gagner mais qui ravissent quelques accros, ou des rubriques coquines. Bon an, mal an, suivant les années, mes nutis s’ensuivent mais ne se ressemblent guère. Souvent stériles, mes nuits parfois me tiennent éveillée en agréable compagnie.

Mais ainsi que je l’ai annoncé en début d’année, entre voir un film et écrire dessus, entre lire un livre et écrire dessus, l’écriture passera toujours après. Pourquoi ? Parce qu’il me reste tant d’œuvres à découvrir et si peu de temps pour le faire. Parce que ce que je peux écrire sur elles, de bonté, d’âneries, d’admiration et que sais-je encore sur tout ce que j’aimerais partager, ne sera jamais aussi intéressant que les œuvres elles-mêmes.

Les conseils à donner à un petit scarabée qui souhaiterait ouvrir un blog ?

Répétez après moi, le blog n’est pas un site de rencontres ! pas plus que les réseaux sociaux où se sont déportées les discussions. Fermons la parenthèse.

Trêve de plaisanterie. Je suis bien mal placée pour offrir des conseils. Lire plus haut mon manque total de discipline et de constance. Mais comme il s’agit de faire partager une « expérience », un mot (oui, y en a plusieurs, j’ai prévenu, on ne peut pas me faire confiance pour m’en tenir à ce que j’ai pourtant décidé).

Conseil 1. Faites comme bon vous semble, jeunes padawans, et n’écoutez que votre propre désir/plaisir. Car, ne vous affolez pas, vous trouverez toujours une bonne âme sur votre chemin pour vous critiquer, quoique vous fassiez. D’ailleurs, il est bon de ne rien attendre de personne et d’écrire avant tout pour soi. Ainsi, la plus petite attention sera total cadal.

Conseil 2. Relire le conseil 1 (mais vous n’y êtes pas obligé)

Tagger violemment de pauvres blogueurs qui n’en demandent pas tant ?

Quant à tagger d’éventuels blogs, vu le temps que j’ai mis à répondre au  Blogger Recognition Award du taulier d’Inisfree, je vais m’abstenir. Pour savoir qui j’apprécie, de temps à autre, lire, merci de vous reporter à la page Blogs + sites. Cela dépend du temps imparti et/ou de l’humour du jour. Mais comme beaucoup d’autres désormais, j’arrive souvent chez les « collègues » au travers des réseaux sociaux, à l’occasion de la mise en ligne d’un texte. Il n’y a que lorsque je découvre un blog que j’aime à aller me baigner dans les archives. Mais cela fait quelques années déjà que je n’ai plus ce goût de la découverte. Avec le temps, comme disait le poète, tout fout l’camp. Y compris les centres d’intérêt.

Nonobstant, je serais curieuse de savoir ce qui a pu pousser certains à tirer définitivement le rideau. Je ne parle pas de ce cher zoomeux d’Edouard, qui travaille sans relâche à fournir du contenu cinématographique et a su nous réunir sous sa férule, voire  d’Alexandre devenu plombier chez Playlist Society ou de Rob Gordon qui a flingué son blog pour ouvrir un site offrant des critiques sur un cinéma cher à son cœur — quoiqu’ils se sentent libre de faire ce que bon leur semble. Voir conseil 1 ci-dessus — mais bien plutôt de Phil Siné ou du taulier des irréductibles qui ont fermé, et ne sont jamais revenus alors qu’ils rôdent encore et toujours sur la toile en compagnie du lapin blanc.

Alors s’ils sont intéressés, qu’ils n’hésitent pas. Ainsi que tous ceux ou celles que ça titille (de raconter le pourquoi du comment, pas l’idée de fermeture !)

Mon cher Vincent, désolée pour ces quelques lignes (j’ai encore fait trop long) jetées ainsi en vrac. C’était bien aimable à toi de songer à l’inconstante blogueuse/blagueuse que je suis. Navrée de n’avoir rien de plus drôle ou spirituel à écrire. Je viens de rédiger ce post en pleine journée, ceci expliquant sans coup férir cela. Mon double insomniaque est bien plus fréquentable.

A bientôt, ici ou ailleurs.

Pour info. D’autres commentaires de Luc, taulier des Irréductibles ou Camille qui a fondé CineManiac sont à consulter sur Facebook