Poursuite de la nuit Category III. Un double café et un étirement s’imposent alors que la nuit Category III se poursuit par un film réalisé — d’après Julien Sévéon — sous l’unique et fallacieux prétexte d’exploiter la beauté nubile de Loletta Lee.

00h15. Crazy Love de Roman Cheung_1993
avec Loletta Lee, Tom Poon, Sing Fui-on, Tommy Wong et Rico Chu
Crazy love est une cucuterie à nulle autre pareille, uniquement destinée à faire se déshabiller au maximum Miss Lee, jamais avare, certes, de ses charmes. Et c’est bien là, malheureusement que réside sa seule qualité.
Jeune fille de bonne famille un peu tête en l’air prétendument partie en séjour linguistique en Grande Bretagne — elle offre généreusement son billet au boyfriend d’une camarade de classe qui se lamente à l’idée de quitter son amoureux [J’avoue que l’humour de la chose m’a un peu échappé tant les acteurs sont atroces mais il faut croire que leur grande scène était déchirante étant donné l’hilarité de mes voisines. Par moment, je regrette fort de ne pas causer le cantonais] — , elle décide après avoir surpris son amant en fort galante compagnie au fin fond d’une armoire (rires) de jeter sa gourme et d’y aller elle aussi d’une vie dissolue.
Restons sérieux. Si le début du film laissait présager une comédie débridée (pardon), la demoiselle sortant de la salle de bain à moitié nue et affolant un prêtre bouddhiste venu vérifier le Feng shui de la maison paternelle en compagnie d’un (très) jeune disciple [Loletta Lee a un vrai sens de l’hygiène, on la verra très souvent sous la douche. NDLR à l’usage des adolescents boutonneux], Crazy love se révèle tantôt être un soap opéra déguisé en soft porn que l’on soupçonne les ¾ du temps de n’être en réalité qu’une parodie réalisée par les Nuls.
La jeune actrice a un jeu des plus limités et les hommes — du baba cool hédoniste (le seul protagoniste réellement amusant) au scénariste jaloux et immature en passant par les libidineux de service — sont en général de monstrueuses caricatures et surjouent ignominieusement. On s’attend d’ailleurs qu’après chaque vignette soient insérés des rires et applaudissements pré-enregistrés.
Une musique guillerette comme sortie d’une guinguette accompagne des scènes érotiques bien peu inventives (hormis quelques gags sonores).
Loletta Lee censée affoler tous les gars qu’elle rencontre pour mieux les ridiculiser, son air ingénu bien peu expressif contribue à faire de cette pochade un divertissement des plus moyens. Car, le politiquement correct reprenant bien vite le dessus, notre pimpante topless, plus collégienne délurée que vamp séductrice, ne cherche finalement que l’amour éternel, celui qui dure toujours.
« Amour fou » donc. Sitôt vu, déjà oublié.
****
Troisième tournée de café tandis que le jeune homme accompagnant mes voisines du fond de la salle s’offre une courte sieste sous les sièges. Le bienheureux !
La salle, elle, se vide et se remplit au gré des départs et arrivées, mais demeure quasi comble. Place donc pour le second morceau de choix de la nuit, un vrai petit joyau qui réveilla nos ardeurs bien plus sûrement qu’une décharge électrique. Et Bruce Lee est prié d’aller se rhabiller.

02h. Story of Ricky de Nam Nai-choi et Herman Yau_1991
avec Louis Fan, Fan Mui-sang, William Ho, Gloria Yip et Tetsuro Tamba
Ricky est une fleur poussée sur du fumier. Ricky est grand. Ricky est beau. Ricky est fort. Ricky est bon. S’il en a pris pour dix ans c’est parce qu’il a transformé en steak tartare l’ignominieuse crapule qui a tenté de corrompre son tendron de fiancée qui a préféré le suicide à l’infamie.
Ricky n’a peur de rien ni de personne. Ricky est invincible. Ricky est la tendresse faite homme. Toutefois, Ricky peut aussi décerveler du malfaisant d’un seul coup de son petit poing et jouer ensuite un air de flûte pour recompter ses chakras.
Ricky est également une exceptionnelle petite main qui recoud ses tendons déchirés avec ses propres ligaments. Ricky est patient. Ricky est bouddhiste. De temps en temps il brame : Aaaaaaaaaaaaaaaaaaargh mais nous sommes des êtres humains, nous avons droit au respect ! Et quand Ricky braille, ça échauffe son kung fu. Et ensuite, ça charcle. Grave.
Et Serpent-Borgne (C’est le nom du manchot), l’âme damnée du directeur du pénitencier, ça l’inquiète quelque peu — entre deux prises de bonbons à la menthe dissimulés dans son œil de verre [Promis, je n’ai bu que du café] — ce mépris de la force brutale et débile du pouvoir dont il est un représentant bien peu reluisant.
Et ça dépote dans les brancards. Car il est dans la nature des prisonniers d’accepter sans broncher de se faire crucifier, découper en rondelles ou écorcher vif en un clignement d’œil. Puisqu’il faut bien que les matons se détendent ou ce serait la chienlit.
Salement gore, Story of Ricky est un enchaînement quasiment ininterrompu de bastons grotesques dont l’ « hénaurmité » — une vermine qu’une beigne de Ricky vient d’éventrer ne tente-t-elle pas encore d’étrangler notre jeune héros avec ses intestins au lieu de recommander son âme à Bouddha ? — ne peut que déclencher des fous rires libérateurs.
En bref, Story of Ricky c’est de l’or en barre pour les zygomatiques, du Tom et Jerry sous acide, le Diabolik du kung fu.
Inspiré d’un manga que ne renieraient certainement pas les dingos de Sushi Typhoon, le film de Nam Nai-choi et Herman Yau se joue de situations radicalement irréalistes avec une bonne humeur doublée d’une prodigieuse énergie et un ton iconoclaste résolument cartoonesque, en n’oubliant cependant pas de dénoncer encore et toujours l’autorité policière dépravée et corrompue (pour preuve les enfants dégénérés qu’elle engendre).
Un must !
****
Parfaitement réveillée désormais, toutefois aidée d’un dernier gobelet de café, c’est d’un oeil torve que je m’apprête à découvrir la suite de Sex and Zen, demeurée dans mon souvenir comme une coquine et fort plaisante parodie.

04h. Sex and Zen II/Yu pu tuan II: Yu nu xin jing de Chin Man-kei_1996
avec Loletta Lee, Shu Qi, Elvis Tsui, Ben Ng, Elvis Tsui Kam Kong et Lok Tat-wah
Fatalitas ! Après une splendide entrée en matière follement paillarde, soit la présentation du père de l’héroïne, riche marchand priapique — interprété par l’inénarrable Elvis Tsui Kam Kong — se faisant un devoir d’honorer tout jupon passant à sa portée et qui, entre autres aberrations, se muscle les bijoux de famille en soulevant des poids, Sex and Zen 2 se contente paresseusement de capitaliser sur le succès du précédent épisode.
Notre ardent paternel donc, qui n’hésitera pas à honorer la femme de son propre rejeton, fort inquiet que sa fille adorée ne tombe par mégarde sur un joujou extra, ne l’autorise à poursuivre ses études qu’à la seule condition qu’elle porte une ceinture de chasteté qui émasculera sans autre forme de procès tout coquin qui tentera quelque sournoise approche.
Un accident bête arrivant bien vite, voilà qu’un soupirant se trouve obligé de se faire greffer un nouvel organe. Alors que l’on pouvait craindre qu’il tente d’égaler les prouesses du héros de Sex and Zen, premier du nom, le braquemart d’étalon devenu une denrée bien rare, notre maladroit se voit affublé d’un membre rotatif qui a le don de s’ouvrir en ombrelle dès que l’émotion pointe. Quelques gags bien sentis émailleront épisodiquement l’aventure que l’on aurait tout de même souhaitée bien plus haute en couleurs.
Surtout que le film surfe également sur la veine des fameux fantômes chinois, la jeune héroïne devenant la proie d’un succube se camouflant sous le ravissant visage de Shu Qi — le reste de sa personne est d’ailleurs à l’avenant —, sans pour autant s’en démarquer avec un minimum d’imagination. Les décors en l’occurrence sont d’un cheapouille achevé. Et les scènes saphiques se succèdent, dans une profonde monotonie et comme filmées à la va-vite, avec cette brave Loletta Lee, toujours aussi peu avare de ses charmes mais qui peine à exprimer un quelconque sentiment tandis que Miss Qi semble parfois se demander ce qu’elle est venu faire dans cette galère. [Il semblerait d’ailleurs que la belle renie avec force émotion cette erreur de jeunesse, si l’on en croit notre docteur ès-Category III, Julien Sévéon].
Les hommes s’en sortent mieux et n’hésitent pas à se vautrer dans le ridicule, comme ce grand cabotin d’Elvis Tsui, voire — tel Ben Ng en Ironman, chasseur de démons — à assumer pleinement les rôles archétypaux qu’ils tiennent.
C’est bien peu et fort frustrant. Un comble pour une pelloche qui promet de titiller le coquin qui sommeille en chacun de nous.
****
Un petit déjeuner rapide, le temps que s’ouvrent les portes du métro et enfin, le nirvana : je colle la viande dans le torchon et bénéficie d’une nouvelle mais bien courte sieste réparatrice.
A suivre…
Si vous avez raté le début
- Avant première de Holy Motors de Léos Carax
- Teaser
- Jour 1 — vendredi 29 juin 2012 — avec Jeff Mills, André Sauvage & Herman Yau