Jour 4. Du bizarre, de l’excellent, du prometteur et un faux bond, tel était la couleur de mon dimanche.
Le graphisme d’Asphalt watches de Shayne Ehman et Seth Scriver était si laid que le film en devenait peu à peu fascinant. Il est néanmoins dommage que l’on ne nous ait pas fourni avec nos places un peu de la substance étrange qui a influencé les deux réalisateurs. Complètement dingo, et à force renfort de chants improbables, soit le spectateur fuyait soit l’hilarité le prenait. Au choix.
Est-ce la projection du Roi des morts de Jorg Buttgereit dans une salle adjacente, mais pour la première fois cette année le Retour de flammes n’a pas semblé susciter une immense curiosité. La salle 500 était remplie certes, mais pas autant que les autres années. Fatale erreur pour ceux qui ne se sont pas déplacés. Ils ont raté un bien joli spectacle. Serge Bromberg était en verve et au piano pour accompagner toute une série de pépites muettes aussi drolatiques les unes que les autres, dont un cochon danseur au regard lubrique, une mouche acrobate et un affreux mélodrame expédié en moins de 3′. S’y ajoute une belle découverte, les collaborations de Robert Florey, Slavko Vorkapich et William Cameron Menzies sur Life and death of 9314, a Hollywood extra, The love of Zero ou Crime without passion.
En revanche, folie furieuse pour la projection en première mondiale de Horsehead de Romain Basset, la dernière production Starfix. Salle comble, ce qui a semblé bien émouvoir le jeune réalisateur venu avec ses producteurs et les trois actrices de son film, dont Catriona McColl, l’égérie de Lucio Fulci, qui s’est taillée un joli succès. Remarquablement photographié et réalisé, bourré de références (pas encore bien digérées) que l’on ne saurait lui reprocher, Horsehead souffre néanmoins de sa longueur et d’un scénario bancal. Manifestement Romain Basset ne sait comment finir son film, voire même n’a guère envie de l’achever et d’abandonner son actrice, Lilly Fleur Pointeaux, à ses cauchemars mouillés. Néanmoins, il n’y a pas tant de réalisateurs de genre français aussi doué pour qu’on lui jette la pierre, serait-ce en rêve.
Un peu sonnée, je dois supporter pendant tout Der unfertige (L’incomplet), le documentaire de Jan Soldat, une voisine plus fascinée par l’écran de sa tablette que par le discours masochiste de Klaus Johannes Wolf, esclave sexuel de 60 ans. Tentant néanmoins de suivre le témoignage de Klaus et acceptant difficilement les humiliations qu’il subit de bon gré, malgré une absence totale de voyeurisme dans le travail du réalisateur, je décide de prendre les jambes à mon cou dès les premières images de Pierrot Lunaire et abandonne les amoureuses de Bruce Labruce à leur sombre destin. Demain est un autre jour.
Jour 5.
3 films au programme du jour mais qui promettent de me laisser sur le carreau puisque Tokyo tribe, la dernière folie de ce grand foufou Sono Sion est projetée ce soir en avant-première. A noter la présence du réalisateur qui s’est également vu offrir cette année une carte blanche. Son choix du jour : French connection de William Friedkin et le dernier film d’amour fou consacré aux actrices de Rainer Werner Fassbinder, le magnifique Secret de Veronica Voss.
A consulter : le programme complet par salles
The house at the end of time/La casa del fin de los tiempo de Alejandro Hidalgo_2013
avec Gonzalo Cubero, Rosmel Bustamante, Ruddy Rodríguez
Killers/Kirazu de Mo Brothers (Kimo Stamboel & Timo Tjahjanto)_2014
avec Kazuki Kitamura, Oka Antara, Luna Maya, Rin Takanashi
Tokyo tribe de Sono Sion_2014
avec Ryohei Suzuki, Young Dais, Nana Seino
A suivre…