Résumé de l’épisode précédent.
Kenneth Anger est venu présenter avec délectation le film d’Howard Hughes, The outlaw/Le banni, précédé d’une réputation sulfureuse puisque preuve de son amour immodéré — si l’on en juge par toute la publicité faite autour alors que la donzelle boudeuse n’apparaît que bien peu dans le film très (trop) long du mogul — pour les roberts de Jane Russell vantés par un « les deux bonnes raisons de voir le film » péremptoire.
Résultat, The outlaw est un cas d’école de première et la leçon que l’on en retiendra est qu’il ne faut jamais laisser impunément jouer un enfant gâté avec un (très) long métrage, dut-il en être également le producteur. Le film n’a aucun rythme, les acteurs — Walter Huston en tête — cabotinent, Miss Russell ballade un air d’emmerdement de première — mais oui, ses obus tiennent tous seuls — et les dialogues sont un sommet de débilité. Quant à la musique, elle appuie généreusement chaque changement de ton quand elle ne soutient pas quelques sous-entendus coquins de quelques notes farceuses. Etonnamment, la bombe sexuelle est perpétuellement renvoyée à ses fourneaux tandis que le trio de cow-boys en rut ne font pas mystère de leurs goûts pour les garçons (ou la race chevaline !), le bien pâlot Jack Buetel devenant l’objet de discorde qui brisera la si belle amitié entre Walter Huston/Doc Holliday et Pat Garrett/Thomas Mitchell. Pour sûr, Hugues était foncièrement frappadingue. On ignore qui, de Ben Hecht — qui a participé à l’écriture du scénario — ou du producteur/réalisateur en a rajouté dans la légende gay de Billy the Kid mais la scène où le chenapan compare la taille de ses revolvers à ceux de Doc Holliday devant le regard concupiscent de Thomas Mitchell vaut son pesant de chili.
Horreur, malheur pour les fans de la saga A chinese ghost story. Passons sur le fait que le jeune Yu Shaoqun n’a ni la beauté fragile de Leslie Cheung — à la mémoire duquel cette monstruosité est dédiée, gageons que sa poussière a virevolté dans sa tombe — ni l’espièglerie de Tony Leung qui a repris le rôle en 1991 et que les personnages aient été démultipliés, sans oublier un goût certain pour les blagues douteuses. Tout est laid dans ce film, les effets spéciaux, les diablotines botoxées, les explosions et les combats. Quant à Louis Koo qui interprète — en jouant « comme un japonais » selon la présentation du jour made in Mad Movies, gageons que les mânes de Toshiro Mifune auront apprécié — un chasseur de démons, reconnaissons qu’il fait ce qu’il peut, soit le minimum syndical, pour nous émouvoir avec son histoire d’amour pataude pour un ectoplasme démoniaque séduit à coups de bonbecs. Allez, ouste, aux enfers !
Changement de continent, d’époque et surtout, de ton pour Los Chidos de Omar Rodriguez-Lopez, hilarante variation d’Affreux, sales et méchants de Dino Risi. Précédé d’une petite présentation par le réalisateur qui nous a informé que sa maman aimait beaucoup le film — au vu de son épilogue, nous pouvons de tout cœur comprendre la brave femme — Los chidos nous entraîne dans un délire non sensique où tout est permis pourvu que l’on bouscule les convenances, que l’on brise les tabous et que l’on chie allègrement sur le politiquement correct du voisin américain. Et tout cela bien sûr sans faire trop d’efforts… Quoiqu’il en soit, le monde est définitivement dans la merde, Los chidos confirmant par ailleurs que L’étrange festival est placé cette année — après Headhunters et la nuit zombie — sous le signe de la scatologie bon teint. Bon appétit à tous !
Enfin, pour finir ce week-end, Alexander Vartanov est venu présenter Bullet collector, et ce en compagnie du compositeur de sa — très belle — musique Aleksei Aigi et en a profité pour nous spoiler quelque peu lui-même la fin. Décidément ! Il vaudrait mieux envisager des débats à la fin des films. Quoiqu’il en soit, Bullet collector a sa place dans ce festival, par ses côtés expérimentaux, juqu’au boutistes et glauques — une scène notamment fera date, lorsqu’un blessé s’étouffe en se ficelant le visage avec son intestin grêle (estomacs fragiles s’abstenir) — même si, le film parfois paraît bien trop long, le jeune réalisateur un peu trop enthousiaste se laissant quelque peu aller à quelques coquetteries de style. Divisé en une dizaine de chapitres, et selon Alexander Vartanov, hommage énamouré aux 400 coups de Truffaut — en version ultra violente et désespérée, les jeunes délinquants de Russie finissant peu ou prou au goulag où tous les coups sont permis —, Bullet collector est porté à bout de bras par un jeune acteur extraordinaire dont la beauté sauvage, l’air buté et la blondeur décolorée séduiraient sans peine un certain Gus Van Sant. A ne pas rater, donc.
A voir aujourd’hui, un Richard Dreyfus époustouflant dans Gros plan/Inserts de John Byrum à 15h00 dans la salle 100 du Forum des images. Vous pouvez par contre faire l’impasse sur The Thompsons des Butcher Brothers et Redd Inc. de Daniel Krige. Conseil purement amical.
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14h30. Vanishing waves de Kristina Buozyté & Bruno Samper
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17h. A fantastic fear of everything de Crispain Mills
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19h15. Samsara de Ron Fricke
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21h30. Black’s game de Oskar Thor Axelsson
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A consulter : Programme complet par salles