Si j’avais un marteau (air connu). Les forces (commerciales) de Marvel déferlent sur le monde. Après Iron Man et avant que Captain America n’enfile ses collants et que The avengers ne nous rétament (tâchez de suivre, merci), voici le héros du jour sur lequel il serait aisé de lancer quelques jeux de mots t(h)ordants, mais nous nous abstiendrons.
Hors, ce brave Thor, du genre chevelu céleste, ne manque guère d’humour dès lors qu’il choit sur notre bonne vieille planète.
Fils dodu d’Odin, guerrier indomptable au caractère de dogue foncièrement imbu de son auguste personne et du sang royal qui coule dans ses veines saillantes, le brutal, par arrogance — et idiotie congénitale sans nul doute — se bat avec les voisins, fiche le boxon dans le royaume, se fâche à mort avec son papounet qui le bannit derechef en lui retirant tous ses super pouvoirs (concentrés en un si petit marteau que l’on se demande si le créateur de ce super héros ne l’était pas un peu), histoire de lui apprendre de quel bois on se chauffe dans la stratosphère et qui c’est qui commande ici non mais qu’est-ce que c’est que ces manières de vouloir enterrer son vioque encore vert. En bref, y a du rififi dans la casbah du divin Odin.
Et tandis que le galopin est catapulté sur terre et dégringole dans les bras de Natalie Portman — que ceux qui n’abandonneraient pas marteau (et faucille) pour une telle aubaine lèvent le doigt —, le vieil Odin a fort à faire avec l’ambition de malfaisants aussi réfrigérants que Mr Freeze, son chagrin de père blessé et la perfidie de son second fils (Loki, joué par l’excellent Tom Hiddleston, orphelin adopté, aussi brun, laid, rachitique et sournois que Thor est blond, grand, fort et bête).
En attendant, pour Natalie la scientifique (défense de rire) quelque peu affamée, un morceau de barbaque pareil ne se refuse pas, dans la mesure où l’ingénu dadais, sous des dehors de culturiste ratiboisé du bulbe, se révèle finalement des plus émoustillants. Preux guerrier un jour, homme d’honneur toujours.
Thor réussira-t-il à récupérer son petit outil qui attire toutes les convoitises ? Echappera-t-il aux men in black prompts à profiter de toute arme de destruction massive, fut-elle un décoloré bodybuildé ? Retrouvera-t-il l’estime paternelle et renverra-t-il tous les affreux dans leur igloo ? Retournera-t-il dans le royaume d’Asgard où l’attend le trône ? Se décidera-t-il enfin à subir de bonne grâce les derniers outrages éperdument envisagés par la Portman ? Le suspense est à son comble, pour peu que l’on joue le jeu et que l’on ferme les yeux sur la flopée de personnages unidimensionnels — par tous les Asgardiens et toutes les Asgardiennes ! Oser nous gâcher ainsi Tadanobu Asano. Que l’on boute Kenneth Branagh hors du théâtre élisabéthain céans ! —, puisque comme dans toute franchise qui démarre, Thor nous inflige la présentation des protagonistes qui reviendront nous hanter pour peu que leur première aventure connaisse le succès.
Le réalisateur est manifestement plus intéressé par les accents shakespeariens du drame familial qui se noue à Asgard — les scènes sont d’ailleurs d’une théâtralité confondante et par Odin ! que les décors sont d’un kitsch terrifiant — ou l’anecdotique comédie romantique qui prend place au Nouveau Mexique que par l’envie folle de se plonger dans l’héroic fantasy, la castagne et les effets spéciaux.
Quant à la 3D, quasi inexistante et rendant l’image terriblement sombre, elle ne sert encore ici qu’à flanquer une migraine carabinée.
La bonne nouvelle est que l’on se gausse souvent malgré tout, et ce, notamment grâce au désarmant Chris Hemsworth, montagne de muscles hypertrophiés, au physique tellement improbable qu’il en devient attirant (malgré une absence totale de regard à la Richard Gere) et au jeu bien plus subtil que les ficelles d’un scénario plan-plan.
Natalie est charmante. Kat Dennings, sous-employée mais délicieuse, Stellan Skarsgard égal à lui-même, Idriss Elba diablement impressionnant et René Russo passe comme une ombre.
Enfin, Anthony Hopkins s’est gentiment fait la tête de Laurence Olivier dans Le choc des titans* et se balade innocemment pendant tout le film avec un monocle d’or (Odin est borgne, tout un chacun aura noté la subtilité psychologique de la déité) y compris quand il roupille dans les ¾ de ses scènes, puisqu’ayant sombré dans un coma mortel (c’est d’un pratique). C’est dire si, mis à part sa grande gueulante cabotine de géniteur vénère, notre brave Tony n’a guère délaissé sa fâcheuse tendance à se ménager sur ses vieux jours.
Et devinez un peu qui vient nous rendre une petite visite dans le but de nous donner envie de réserver nos places pour Thor returns ? Avis à la population qui l’ignore : cessez donc de vous lever de vos sièges dès que débute le générique de fin, nom d’un comic !
* Clash of the titans de Desmond Davies_1981
Thor de Kenneth Branagh_2011
avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Anthony Hopkins, Tom Hiddleston, Colm Feore, Idriss Elba, Ray Stevenson, Kat Dennings, Clark Gregg, René Russo et Tadanobu Asano