Braquage à l’anglaise de Roger Donaldson

Braquage à l'anglaise de Roger Donaldson © Metropolitan FilmExport

Coquine Albion. Le générique nous prévient immédiatement, ce bank job a été réalisé d’après des faits réels, cachés au bon peuple britannique par un gouvernement et des barbouzes un peu plus doués que leurs contemporains si l’on en croit l’impudence crasse des tabloïds actuels.

Une bande de pieds nickelés (tous vêtus comme des sacs… nous sommes en 1971) se voit proposer par une ancienne camarade de jeux plus ou moins tordus le coup du siècle : le cambriolage de la salle des coffres d’une des officines de la Lloyds.

Reprenons au début. La donzelle a maille à partir avec la justice depuis qu’elle est revenue du Maroc en compagnie d’épices exotiques parfaitement illicites. Le gouvernement, quant à lui, a de menus problèmes avec un agitateur/maquereau/extorqueur/maître chanteur qu’il aimerait réduire au silence si seulement il parvenait à mettre la main sur le corps du délit : des clichés volés mettant en scène la princesse Margaret, un jour où la gourgandine expérimentait quelques chapitres du Kamasoutra.

Dès lors, les vieux gredins au pouvoir ont une riche idée, exploiter sans vergogne l’amitié de l’apprentie trafiquante avec les ahuris qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs dettes et les faire participer à leur corps défendant aux turpitudes princières. Les crétins empochent bijoux et pognon, les photos cochonnes retournent dans le giron royal et tout ira pour le mieux dans la perfide Albion.

Mais voilà… dans leur rapine (un casse filmé de bout en bout, avec force crétineries d’usage – l’un des idiots commande un fish and chips avant de se remettre à creuser, le guetteur paume son talkie-walkie en plein boum), les délinquants s’emparent également des trésors d’une mère maquerelle (jolis instantanés de divers ministres dans des positions que la morale réprouve) et d’un fin calepin compromettant l’honnêteté de la vertueuse police de sa très gracieuse majesté.

C’est dire le nombre de personnages hauts en couleurs et autant d’intrigues secondaires qui viennent se greffer à ce qui devait rester dans les annales comme un simple cambriolage des plus décents, sans haine, sans violence ni décès inutile. Et la charmante comédie de virer au drame.

Ce film, qui se laisse voir sans déplaisir, prévaut pour la description sans faille d’un braquage hors norme et la tendresse que Roger Donaldson a pour ses personnages, petits ratés qui pour avoir saisi la chance de leur vie se retrouvent pris en étau entre un gouvernement qui les poursuit pour atteinte à la sécurité de l’état et un monde interlope qui leur est inconnu et va leur faire payer très cher leurs ambitions.

L’équipe d’acteurs (de sacrées trognes) est à la hauteur, même si Jason Statham, crétin patenté chez Guy Ritchie (Arnaques, crimes et botanique_1998) et proclamé empereur du coup de tatane grâce à la série des Transporteurs, n’était sans doute pas l’acteur idéal pour incarner ce chef de bande improvisé, bon mari et bon père, tenté par la diablesse Saffron Burrows (un poil trop botoxée). Mis à part cette faute de goût, l’interprétation est solide, avec une mention très spéciale pour David Suchet (Interprète télévisuel d’Hercule Poirot) particulièrement remarquable dans le rôle onctueux et délicat d’un pornographe sadique souffrant de calculs rénaux. N’en jetez plus !

© Metropolitan FilmExport

Braquage à l’anglaise/The Bank Job de Roger Donaldson_2008
avec Jason Statham, Saffron Burrows, Stephen Campbell Moore, Daniel Mays, James Faulkner, Richard Lintern et David Suchet