L’empreinte de l’ange de Safy Nebbou

Catherine Frot en clair & Sandrine Bonnaire floue dans L'empreinte de l'ange de Safy Nebbou © Diaphana Films

Beau duel. Voici un film curieux qui finit par surprendre : un drame familial, tourné comme un conte de fée avec ce qu’il faut d’ogresse et de supposées victimes…

Dommage que le réalisateur ait cru bon de préciser à la fin qu’il s’agit d’une histoire vraie comme s’il ne faisait pas assez confiance à son scénario (on sait bien que la vie est finalement toujours bien plus invraisemblable que toutes les histoires inventées) ou à ses acteurs, tous excellents, avec bien sûr une mention particulière pour le duo Catherine Frot/Sandrine Bonnaire sans qui, sans doute, le fragile échafaudage ne tiendrait pas aussi bien la route.

En l’occurrence, l’empreinte de l’ange est l’histoire d’une femme qui, à peine remise d’une longue dépression provoquée par le décès de son nouveau-né, croit reconnaître le bambin sous les traits d’une petite fille qu’elle croise par pure inadvertance. Et la voici qui traque l’enfant. Le visage têtu et le regard opaque de Catherine Frot servent à merveille ce personnage tout entier dédié à sa renaissance. Face à elle, la mère — Sandrine Bonnaire — suit le chemin inverse. De lumineuse, elle s’étiole, s’éteint et se recroqueville peu à peu sous le harcèlement et la crainte.

Safy Neffou livre un film sans esbroufe sur un sujet plutôt casse-gueule (mort de nourrisson et déni maternel) qui aurait pu donner lieu, au choix, à des scènes d’hystérie ou à un thriller glauque façon La main sur le berceau/The hand that rocks the cradle de Curtis Hanson_1992.

Sa mise en scène sobre et élégante est un écrin pour le jeu subtil de ses deux actrices qui entament un pas de deux singulier, voire pervers, mais laisse malgré tout la part belle aux autres protagonistes de cette histoire peu banale.

L’empreinte de l’ange de Safy Nebbou_2008
avec Catherine Frot, Sandrine Bonnaire, Wladimir Yordanoff, Antoine Chappey, Michel Aumont et Sophie Quinton