One (iron) man show. Avant de voir une bombinette portant ses armoiries lui sauter à la tronche et changer son avenir à jamais, Tony Stark a le temps de s’offrir un cours de lutte gréco-romaine en compagnie d’une journaliste bombasse, faire une démonstration de son matos ultra-révolutionnaire pour une guerre bien sale et follement bruyante, siroter un excellent champagne, draguer sans vergogne une soldate de l’empire du bien, poser pour la postérité avec les boys, balancer deux/trois vannes niaiseuses qui ne font rire que lui et sentir enfin une fois dans sa vie l’adrénaline qui monte comme sève lorsque l’on sait sa dernière heure arrivée.
Et c’est Robert Downey Jr qui s’y colle et nous la joue arroseur arrosé avec une classe et un humour inimitables. Après Kiss kiss bang bang [de Shane Black_2005] où son charme de petite canaille dérisoire aux grand yeux chaplinesques faisait déjà merveille, il est de retour, en pleine(s) forme(s) et tient à nous le faire savoir. Dans l’armure d’un héros qui n’a de superlatif que l’ego qui le consume, son abattage fait merveille… et écrase avec bonhomie le reste de la troupe.
Jeff Bridges (crâne rasé à la Lex Luthor et barbu comme un imam), confondu par tant d’insolence, est aux abonnés absents pendant une grande partie du film, tandis que Terrence Howard participe discrètement à une critique subtile du patriotisme made in America.
Quant à Gwyneth Paltrow, interprétant Pepper Potts, elle n’a de poivré que le nom et prouve qu’il ne suffit pas de se teindre en rousse pour être incendiaire. Il est d’ailleurs étourdissant d’apprendre* qu’elle s’est entrainée à la sténo pour jouer son rôle d’assistante… Une telle implication méritait d’être signalée. Bon, chère Gwyneth, quelques cours de comédie en sus n’auraient pas été du luxe…
Somme toute, Tony Stark est un homme avec des plaisirs et des goûts simples : ni schizophrénie, ni crise identitaire chez lui. Simplement, il ne peut pas la jouer profil bas ; lorsque l’on goûte à la célébrité, il est difficile d’y renoncer et de vivre dans l’ombre, fut-elle celle d’un super héros. Ce cynisme bon enfant baigne le film tout entier. On y relève subrepticement comme un état des lieux de la vie et des frasques de son interprète. Reste à deviner ce que pourrait nous réserver un Iron Man, le retour…
* comme quoi il faut toujours lire les petits magazines offerts par les cinémas – ici, Dimension – car on y apprend une foultitude de choses parfaitement inutiles pour notre survie mais qui peuvent mettre en joie une heure ou deux.

Iron Man de Jon Favreau_2008
avec Robert Downey Jr, Gwyneth Paltrow, Jeff Bridges, Terrence Howard