La grande déconfiture. Opérant un drôle de mélange d’Agatha Christie sans son Poirot et du jeu du cluedo auquel fait immanquablement penser la belle affiche de Floc’h (mais qui diable a bien pu tuer le docteur dans la piscine avec le révolver du maître de céans retrouvé dans les mains de la femme de la victime ? mystère…), Pascal Bonitzer semble s’être également beaucoup amusé à parodier Alfred Hitchcock (cf. le décalque éhonté de l’épilogue de La mort aux trousses).
Malheureusement, Mathieu Demy n’a rien de Cary Grant et Valeria Bruni Tedeschi (que l’on aimerait voir se renouveler un peu) n’est pas Eva Marie Saint.
Comme pour L’heure zéro de Pascal Thomas, ce film choral est l’occasion d’un tour de piste plus ou moins talentueux selon les acteurs en cause mais nous offre néanmoins la joie de retrouver (après Danielle Darrieux chez Thomas) la belle et mélancolique Emmanuelle Riva.
Il nous faut donc l’avouer, on s’ennuie ferme à cette enquête (même si Pierre Arditi et Miou-Miou, parfaits en excentriques, sont bien assortis), les seuls personnages intéressants – voire attachants – étant cruellement éliminés. Lambert Wilson, excellent dans son rôle de psychiatre arrogant trop sensible à la gente féminine et adepte des lapsus, nous prouve qu’il se bonifie avec l’âge et Catarina Murino exsude une triomphante sensualité (auprès des tristounettes Anne Consigny, Valeria Bruni Tedeschi et Céline Sallette, très fade ici, aux antipodes de son interprétation dans Meurtrières de Patrick Grandperret) qui lui sera fatale.
Finalement, c’est le fameux alibi pressenti, la bêtise et la transparente médiocrité accordées à l’assassin comme preuve d’innocence, qui finit par nous faire sourire. C’est peu.

Le grand alibi de Pascal Bonitzer_2008
avec Lambert Wilson, Miou-Miou, Valeria Bruni Tedeschi, Anne Consigny, Caterina Murino, Mathieu Demy, Pierre Arditi, Maurice Bénichou, Céline Sallette et Emmanuelle Riva