Wall•e de Andrew Stanton

Wall•E d’Andrew Stanton © Walt Disney Studios Motion Pictures France

2700 et des poussières, l’odyssée de l’ordure. Près de 700 ans après notre ère, un Waste Allocation Load Lifter Earth-class (compacteur terrien de déchets, en VF) rencontre un Extra-terrestrial Vegetation Evaluator (évaluateur de végétation extraterrestre, id.) et en tombe raide dingue des boulons.

Simplifions les données. Wall•E, technicien de surface solitaire et ringard (il passe ses journées à faire des compressions de César en se dandinant sur Hello Dolly) voit arriver sur son tas de déchets (soit la terre désertée de tous les sagouins qui l’ont salie) la gironde Eve, blanche et lisse comme un iPod, et en a la carte mémoire court-circuitée.

La demoiselle a un caractère de dogue, défouraille comme dans un Tarantino et se révèle être un agent au service de sa très gracieuse humanité. Sa mission : détecter tout signe de vie susceptible d’encourager le retour des terriens (une nation de bibendums éternels pollueurs) sur leur planète mère.

On ne perd pas une miette de l’heure et demie que dure cette petite merveille emplie d’épisodes frisant la perfection technique, une mention toute spéciale étant attribuée au ballet amoureux entre une Eve hystérique et le très coquin Wall•E l’enveloppant d’un nuage de neige carbonique à chaque entrechat. L’invention est au pouvoir, la profusion d’androïdes déchainés donne le tournis et les créateurs de Pixar s’en sont manifestement donnés à cœur joie.

L’humour se fait acide lorsque le film égratigne généreusement la société de consommation et le goût du confort àl’américaine. Cependant, nous sommes chez Disney, il est donc hors de propos de se torcher le cul avec les contes de fées comme ce malpoli de Shrek. Nous sont offerts revanche de la romance, un zeste de guimauve, un poil de mièvrerie et (heureusement) beaucoup d’esprit. Les robots sont charmants, les puces électroniques ravissantes en diable, le big brother bien plus ridicule que HAL (Kubrick est à l’honneur dans une exquise parodie) et (horreur, malheur, est-ce vraiment si enchanteur) les humains reviennent gaillardement coloniser la terre… Mais peu importe, l’amour étant par définition aveugle, la belle ovoïde et sa conserve ambulante se rouleront enfin un patin électrifiant sous une pluie d’applaudissements.

Et dans la mesure où Pixar nous offre en amuse-gueule Presto, un court-métrage de Doug Sweetland contant la bataille homérique d’un lapin récalcitrant contre son affameur de magicien, notre bonheur affiche complet.

Wall•E d’Andrew Stanton_2008_
avec les voix de Ben Burtt, Elissa Knight, Fred Willard, Kathy Najimy et Sigourney Weaver