Scènes de chasse en forêt espagnole. Le titre original est El Rey de la Montaña, soit le roi de la montagne, le titre français : les proies… Les cibles auraient sans doute mieux convenu, car lorsque le héros décide de poursuivre sur une route déserte la jeune femme plutôt entreprenante qu’il a rencontrée dans les toilettes d’une station service, il n’imagine pas se perdre en pays inconnu où règnent les snipers.
C’est du moins ce que le film tente de nous faire croire, nous entraînant sur des fausses pistes, comme cette malheureuse rencontre avec deux flics un peu bas du front rappelant les autochtones de Délivrance.
Ce qui aurait pu passer pour un conte de fées quelque peu dégénéré (le héros s’enfonce dans une forêt sans fin en coursant une mystérieuse inconnue quelque peu perverse) se révèle être un survival de la pire espèce.
Si le fabuleux décor est formidablement exploité, si le malaise est parfaitement distillé durant la première demi-heure, si la bassesse et la lâcheté des hommes sont brillamment dépeintes, des plans subjectifs et un village désert ressemblant à s’y méprendre à un décor de carton-pâte nous font craindre le pire. Et le rebondissement final de nous laisser un goût amer (surtout si l’on est imperméable aux jeux vidéo).
En bref, ce film vaut essentiellement pour l’excellence de ses acteurs, l’argentin Leonardo Sbaraglia (vu notamment dans l’intrigant Intacto de Juan Carlos Fresnadillo_2003 où il croisait Max Von Sidow et le troublant Plata Quemada/Vies brûlées de Marcelo Piñeyro_2001 avec Eduardo Noriega) et la magnifique Maria Valverde.
PS. Sans déflorer le sujet, mieux vaut revoir ¿Quién puede matar a un niño?/Les révoltés de l’an 2000 de Narciso Ibanez Serrador dont tant de jeunes réalisateurs espagnols se réclament. Le film, qui date de 1977, vient d’être réédité en DVD.

Les proies/El rey de la montaña de Gonzalo Lopez-Gallego_2008
avec Leonardo Sbaraglia, Maria Valverde, Thomas Riordan, Andres Juste