Lake Tahoe de Fernando Eimbcke

Lake Tahoe de Fernando Eimbcke © Ad Vitam

Bienvenue tristesse. Ce film, empreint d’une tristesse éprouvante, conte l’histoire d’un accident.

Celui qu’un adolescent provoque sciemment avec la voiture familiale. La recherche d’un mécanicien susceptible de le dépanner va lui permettre de faire des rencontres inquiétantes, tendres ou absurdes qui l’aideront à reconnaître et accepter sa souffrance.

Histoire d’une perte, Lake Tahoe serait rapidement insoutenable d’angoisse (cf. une scène littéralement poisseuse de chagrin où le jeune héros essaie de communiquer avec sa mère, invisible derrière un rideau de douche) si le réalisateur n’avait aménagé quelques respirations humoristiques (le gamin se faisant semer par une chienne à la vitalité débordante ou refusant obstinément de baby-sitter un bébé, les élucubrations d’un fou dingue de kung-fu l’invitant à découvrir Bruce Lee).

Plans fixes et fondus au noir se succèdent au gré des aventures des trois principaux protagonistes (comédiens amateurs d’une justesse confondante) au risque parfois de perdre le spectateur (ainsi, au gros plan des visages des deux jeunes gens partis au cinéma, succède un long écran noir permettant de ne savourer Opération dragon qu’au travers de sa bande sonore).

Il est à noter que ce film tourné dans la péninsule du Yucatan, au nord-est du Mexique, n’approche de Lake Tahoe que par la grâce d’un autocollant figé sur la voiture accidentée, comme un témoignage de temps plus heureux.

Description du déni d’un deuil avant effondrement, Lake Tahoe est un beau mélo que l’on ne doit voir qu’animé d’excellentes dispositions d’esprit sous peine de dépression immédiate. C’est dire le remarquable talent de son auteur.

Lake Tahoe de Fernando Eimbcke_2008
avec Diego Catano, Hector Herrera, Daniela Valentine et Juan Carlos Lara