Passe-Passe de Tonie Marshall

Nathalie Baye & Edouard Baer dans Passe-Passe de Tonie Marshall © Warner Bros. France

Femme perdue, cheveux gras. Ce qu’il y a d’agaçant avec certains films, c’est qu’ils ne sont pas à la hauteur du talent de leurs interprètes. En l’occurrence, pour Passe-Passe, Tonie Marshall a bénéficié d’un casting de première classe.

Tout d’abord, Nathalie Baye, femme perdue mais amoureuse de l’amour, des bonnes choses, de l’argent, de la vie et des hommes (enfin, presque tous : lâches, vicieux, menteurs, prière de vous abstenir), est étincelante en bourgeoise déjantée, tellement plus ravissante et sympathique que son modèle (plus ou moins) avoué, Christine Deviers-Joncours.

Ensuite, Edouard Baer, le funambule, est parfait en jongleur neurasthénique. Leur couple fonctionne à merveille mais une belle rencontre d’acteurs ne suffit malheureusement pas à faire un film.

Et ce n’est pas en démultipliant les personnages secondaires (même si les interprétations de Maurice Bénichou en barbouze ou Michel Vuillermoz en médecin pervers sont savoureuses) et les intrigues (Mélanie Bernier, affublée du syndrome de la Tourette, devient la dame de cœur du lunaire Baer et le duo de coréens totalement branques s’offrant un karaoké d’I get you under my skin de Sinatra semble s’être échappé d’un film de Guy Ritchie) que l’on donne de la chair à un scénario anémié.

Passe-passe est finalement le récit (raté car dès que les duettistes se trouvent séparés, le rythme retombe) d’un amour platonique entre une foldingue et un dépressif qui se trouve être parasité par une caricature éhontée des mondes politiques (L’ivresse du pouvoir de Claude Chabrol traitait de l’affaire Elf de manière autrement plus subtile) et associatif. Inutile donc de préciser que c’est charmant, mais que ça ne va pas très loin et que l’on reste sur notre faim.

En conclusion, il serait également fort appréciable que le cinéma français se passe désormais des deux poncifs qui suivent : l’exploitation de la maladie d’Alzheimer comme simple effet scénaristique et l’attribution du rôle de l’odieux à Joey Starr qui vaut certainement beaucoup mieux que ça.

© Warner Bros. France

Passe-Passe de Tonie Marshall_2007
avec Nathalie Baye, Edouard Baer, Guy Marchand, Mélanie Bernier, Joey Starr, Maurice Bénichou, Bulle Ogier, Michel Vuillermoz