Remercions avant tout Cary Grant — et sa classe folle — de donner de sa personne et d’oser tout, voire n’importe quoi, sans jamais craindre de sombrer dans le ridicule.
Pourtant Howard Hawks s’en donne à cœur joie dans cette nouvelle guerre des sexes. N’épargnant guère son acteur, il tente de lui faire perdre de sa superbe dans d’infernales attaques à sa dignité de mâle d’une splendide loufoquerie.
Il n’est qu’à voir de quelle drolatique manière le personnage d’Henri Rochard, officier français (l’accent délicieux de Grant est malheureusement rapidement évacué), est introduit. Cherchant son chemin dans les dédales de l’administration militaire, le voilà qui traduit prestement tous les acronymes épinglés aux portes jusqu’au mot LADIES dont il ne saisit la signification que lorsqu’une dame sort discrètement de ce lieu d’aisances.
Allez couchez ailleurs ! n’est en définitive que l’histoire d’un homme constamment empêché de dormir dans un lit pour moult raisons, accidentelles ou parfaitement absurdes, et il faut de la constance et beaucoup d’amour à cette « épouse de guerre mâle » pour accepter épreuves et renoncements aux fins de suivre dans son pays la lieutenante américaine (la combative et très piquante Ann Sheridan) qu’il aura par ailleurs allègrement affrontée pendant la première moitié du film.
Le capitaine Rochard a beau être handicapé par ses mains qui refusent catégoriquement de s’endormir ensemble, notre vaillant soldat n’est pas au bout de ses peines. Sortira-t-il de cette baignoire où il vient de passer sa nuit de noces que bientôt sa virilité sera mise à mal tandis que la plus belle conquête de l’homme en perdra sa queue.
Allez couchez ailleurs !/I was a male war bride d’Howard Hawks_1949

A suivre…