A l’instigation d’Alexandre Mathis de Plan-c, la blogosphère plonge depuis quelques semaines en anime. N’hésitez pas si vous passez par ici à repasser chez l’Alex’ où sont répertoriés les goûts de tout un chacun en matière de films d’animation.
Comme tout bon top (10 et quelques suggestions) qui se respecte, les titres retenus sont le résultat de longues tractations, abandons crève-cœur, voire de décisions purement sentimentales. Il ne s’agit donc pas ici d’asséner une liste définitive — puisqu’elle pourrait évoluer selon la saison ou l’humeur — mais d’offrir simplement un petit panorama sur mes animes de prédilection.
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Perfect blue de Satoshi Kon_1999
Une remarquable plongée dans la psyché d’une très jeune fille accro à la gloire et aux paillettes tombée victime de la cruauté des fans et des corrupteurs de tous poils.
Description des plus sombres de schizophrènes crevant de solitude, cette fable cruelle sur les stars kleenex et les dangers de la célébrité n’a rien perdu de sa vigueur ni de son actualité.
A voir : Millennium Actress_2001, Tokyo godfathers_2004 et Paprika_2006.
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Valse avec Bachir/Waltz with Bashir de Ari Folman_2008
Un journal intime sur les affres de la culpabilité d’une beauté à pleurer, doublé d’une réflexion sur les conflits inutiles, le traumatisme guerrier et la nécessité du pardon.
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Hotaru non haka/Le Tombeau des lucioles de Isao Takahata_1988
Les paris sont ouverts… Que tous ceux (je plaide d’ores et déjà coupable) qui n’ont pas versé une larme le jour où la mère de Bambi* fut abattue par un cruel chasseur essaient de garder leurs yeux au sec devant les poignantes (més)aventures de deux orphelins japonais, innocentes victimes des vicissitudes de la guerre.
D’un réalisme exacerbé et d’une exquise douceur, cet incontestable chef d’œuvre issu du Studio Ghibli est sans contexte un des plus beaux pamphlets anti-guerre (à placer près de Johnny got his gun de Dalton Trumbo_1971 dans une DVDthèque idéale). A ne pas rater. Vous êtes cependant prévenus, préparez vos mouchoirs !
* Pas de Disney dans ce top. Cependant, si je devais en choisir un, ce serait sans nul doute Le livre de la jungle/The book of jungle_1967 pour 1/ le swing 2/ l’hédonisme de Baloo et ô grand surtout 3/ l’ahurissant couple de malfaisants formé par Shere Khan (George Sanders en version originale… un bonheur !) et Kaa.
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Fritz the cat de Ralph Bakshi _1972
Aussi inconscient/inconstant que l’intemporel Félix, le libidineux Fritz, chantre de la contre culture, affole les bonnes mœurs en se vautrant dans le stupre et le politiquement définitivement incorrect. En ce qui concerne les diverses attaques et interdictions pour pornographie, que l’on se rassure, il n’y a franchement pas de quoi fouetter un chat…
Demeurent toutefois la férocité et l’humour noir inhérents à l’œuvre de Robert Crumb qu’il n’est pas inutile de relire à l’occasion.
A voir également : Heavy traffic_1973.
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I married a strange person/L’impitoyable lune de miel de Bill Plympton_1997
Une prodigieuse attaque contre les conventions et empêcheurs de délirer en rond. Attention, cœurs sensibles s’abstenir, le monsieur est d’une inventive cruauté. Bill Plympton est dingue, ça tombe bien. Moi aussi.
A voir également : Mondo Plympton_1997, Idiots and angels/Des idiots et des anges_2009.
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Sen to Chihiro no kamikakushi/Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki_2001
Epilogue d’une longue bataille : Chihiro l’emporte d’une foulée sur le conte écologique Mononoke-Hime/Princesse Mononoké_2000 et notamment parce que c’est avec elle que j’ai découvert l’œuvre de Miyazaki.
Récit d’un cauchemar éveillé, incursion dans une réalité parallèle, conte d’apprentissage d’une enfant trop gâtée à l’imagination débordante, ce fabuleux voyage aux multiples niveaux de lectures ne cesse de m’émerveiller à chaque nouvelle vision.
A voir également : Mon voisin Totoro_1988, Le Château ambulant_2004, Ponyo sur la falaise_2008
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Harvie Krumpet d’Adam Elliot_2003
J’ai écrit l’année passée tout le bien que je pense de Mary & Max premier long métrage d’Adam Elliot qui est indéniablement un cinéaste à suivre. Parce que ses films sont des tranches de bonheur dérisoire et d’humour absurde, parce qu’il sait parler des inadaptés sans pathos ni paternalisme et que sa dextérité à manier la pate à modeler en font un digne héritier — version mélancolique — de Nick Park, créateur des indispensables Wallace et Groomit.
Harvie Krumpet, accessoirement oscar du meilleur court métrage en 2004, est de ces films que l’on n’oublie pas tant est émouvant son héros poursuivi par la poisse. A cœur vaillant, rien d’impossible. L’aveu d’Elliot reconnaissant volontiers s’inspirer de sa propre famille (Voir ici ses trois premiers courts : Brother, Uncle et Cousin) rend d’autant plus humaines ses imparfaites petites créatures.
A voir également : Le sens de la vie pour 9$99 de Tatia Rosenthal_2009
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Renaissance de Christian Volckman_2006
Doté d’un noir et blanc étourdissant, l’esthétisme ultra léché du film sert admirablement une histoire délibérément confuse, brassant opportunément toutes les interrogations du XXIe siècle. Labyrinthiques ou rêveries architecturales, les jeux d’ombre et de lumière égarent aussi sûrement que le plus désarçonnant des feuilletons sur la guerre froide. Et sous son apparence policée, l’animation se révèle brutale et glaciale comme un crime à l’arme blanche.
Une captivante expérience* somme toute, dont il est inutile de chercher à sortir indemne.
* Que l’on peut envisager de poursuivre avec Peurs du noir, un film à sketches de qualité inégale mais néanmoins intéressants, signés Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Richard McGuire_2008
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A scanner darkly de Richard Linklater_2006
Cette pelloche est un ovni. Une des meilleures transpositions cinématographiques à ce jour de l’esprit tortueux de Philip K. Dick, A scanner darkly est bien plus respectueux du jeu des acteurs (tous excellents, de Robert Downey Jr à Woody Harrelson, la palme revenant à Keanu Reeves… Résultat des courses numériques : l’ectoplasmie lui sied à merveille) que certains avatars.
Le film donne subrepticement à chaque vision l’étrange sensation d’être sous l’emprise de substances illicites… et ce n’est pas un mauvais trip malgré son propos : paranoïa et théorie du complot à tous les étages. Qui n’a jamais rêvé d’être le sujet de son propre roman d’espionnage et de se dissoudre en toute liberté dans une réalité parallèle ?
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Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier_2009
Dans la série, les Wallons sont nos amis… M’avoir offert un fou rire hystérique d’une heure quinze vaut à cette absurdité sur les amitiés indéfectibles et la vaillance des tenaces de figurer dans ce top.
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Et comme l’@alexandremathis est parfaitement intraitable sur le nombre de choix à proposer, j’oublierais d’évoquer Ghost in the shell de Mamoru_Oshii_1995, Jin-Roh, la brigade des loups de Hiroyuki Okiura_1999, Chôjin densetsu Urotsukidôji/Urotsukidôji, legend of the fiend de Hideki Takayama_1989, ou Wall•E d’Andrew Stanton_2008, Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud_2007 et Les triplettes de Belleville de Sylvain Chomet_2003 (qui figurent tous trois parmi mes 200 films pour une décennie), voire les films de Michel Ocelot, René Laloux et Roland Topor.
J’invite désormais mon camarade Kiluc’ des Irréductibles, Sandra M. d’In the mood for cinema et Vierasouto de CineManiaC à jouer avec nous au jeu de l’anime si tel est leur bon plaisir.
Certaines ayant déclaré forfait, j’ai donc appelé à la rescousse Vincent d’Inisfree et Mariaque d’Eightdayzaweek…
Bonus
- Felix the cat : Woos Whoopee de Pat Sullivan_1930
- Blitz wolf de Tex Avery_1942
- The jungle book_1967 : Shere Khan(George Sanders) à 1:31′ et Kaa (Sterling Holloway)
- La révolution des crabes d’Arthur de Pins_2004