Trahison, impair et mort. Pour leur premier épisode, les producteurs de la série Suite Noire frappent très fort en adaptant un roman de Didier Daeninckx, auteur consacré de Meurtres pour mémoire (évoquant la sanglante répression orchestrée par Maurice Papon contre les manifestants pour l’indépendance de l’Algérie en octobre 61) et grand pourfendeur des travers de la société française (sa mémoire sélective, notamment).
Ici, ce sont les exactions contre les radios libertaires qui sont en ligne de mire.
Le (triste) héros — remarquablement incarné par Francis Renaud — accepte, moyennant une remise de peine, de servir d’indic à des flics plus ou moins ripoux quoiqu’assurément vicieux qui souhaitent faire d’une balance plusieurs prises : clouer le bec d’une radio libre, remettre à leur juste place les bonnes âmes pleine d’humanité (Lubna Azabal, juste et discrète en infirmière de jour transfigurée en voix des taulards la nuit), et accessoirement mettre la main sur des braqueurs sans foi ni états d’âme. L’épisode débute d’ailleurs par un braquage d’une violence inouïe s’achevant en une série de meurtres absurdement gratuits qui ne laisse aucun doute sur la tragique destinée des protagonistes.
Il fallait du talent à Francis Renaud pour nous faire accepter son personnage de traitre pour la bonne cause (au nom de la paternité), fragile et ambigu, dont on ignorera jusqu’au bout les réels sentiments que lui inspirent les victimes de son double jeu. Isolé par ses mensonges, il ne peut que se heurter aux solitudes qu’il côtoie. L’amour ni la rédemption ne seront invités au voyage.
Notons également la belle présence de Yann Tregouët (le jeune meurtrier de Lady Jane de Robert Guédiguian_2008).

On achève bien les disc-jockeys d’Orso Miret_2009
avec Francis Renaud, lubna Azabal, Yann Tregouët, Jean-Quentin Chatelain, Chad Chenouga, Muriel Solvay
d’après le livre de Didier Daeninckx