Mais que fait la police ? Faisons court : le film de Gilles Béat ressemble à son affiche, il est moche et tout pourri.
Et le réalisateur a beau avoir laissé tomber le h de son nom, on a bien vite reconnu l’inénarrable metteur en scène de Rue Barbare_1984 (Cultissime plaisir coupable, avec Bernard Giraudeau déguisé en docker filant des coups de boule à Bernard-Pierre Donnadieu), Urgence_1985 (avec la toute frêle Fanny Bastien balançant de méchants coups de latte au même, estampillé gros affreux des années 80 dans les polars à la française) et surtout Dancing machine_1990, superbe nanar où sont venus sombrer corps et biens Alain Delon (en maître de ballet, on en rit encore) et Patrick Dupont.
Mais ce n’est pas ce passé somme toute exaltant qui allait faire peur au nouveau duo comique, Depardieu et Marchal. Bien au contraire, les deux larrons semblent résolument ravis de se retrouver après 36 quai des orfèvres_2004 pour une énième (sous) mouture de leurs aventures cinématographiques que Béat/Béhat pille sans vergogne et pour cause, le scénario est signé Olivier Marchal…
Il n’est donc guère étonnant d’y retrouver ses tics particulièrement agaçants (des flics au bout du rouleau, alcooliques, mais toujours armés (au secours !), des tabassages en règle, des commissariats puant le foutre et la sueur emplie de trop jolies dames (notamment la fichtrement ravissante Aïssa Maïga qui devrait mieux choisir ses rôles), de belles images (en vrac : corridas, tortures, balles en pleine tête, photos anthropométriques de cadavres explosés disséminées ici et là — pour détendre l’atmosphère au boulot, la police n’a manifestement rien trouvé de mieux—, corps découpés à la morgue, etc.) que l’on aimerait éviter de voir trop souvent et un casting invraisemblable pour une histoire qui ne l’est pas moins.
Les décors sonnent faux (une ville inconnue, puzzle de diverses cités belges, et de préférence les jours de grève des éboueurs), les damoiselles ont de bien drôles de nom : Calhoune (cette pauvrette d’Asia – que diable suis-je venue faire dans cette galère ? – Argento a perpétuellement l’air de lire un prompteur), Léon (Anne Coessens, qui fait ce qu’elle peut) ou Z’yeux d’or (Catherine — Madame Olivier M. dans le civil — Marchal dans le rôle d’une journaliste trop bien informée parce qu’elle « baise utile », fin de citation), les malfaisants (emmenés par un Aurélien Recoing qui s’amuse comme un petit fou à gâcher son talent) conduisent une voiture dont la plaque annonce FIEL-48 (c’est là qu’il faut s’esbaudir) et les dialogues subtils et raffinés tuent plus sûrement que les balles.
Déjà passablement étourdi par un générique épileptique (on ne dira jamais assez le mal que Seven de David Fincher — 1996 quand même, il serait grand temps d’évoluer ! — a pu faire au cinéma français de genre sans imagination), le spectateur, plongé dans une triste histoire de flics ripoux pas si pourris que ça finalement mais faisant croire aux crevures d’en face qu’ils sont encore plus corrompus que c’est pas dieu possible, finit par baisser les bras n’y comprenant que pouic et contemple, fasciné, la monstrueuse carcasse de Depardieu (encore quelques menus efforts pour te briser la santé cher Gérard et tu pourras postuler pour un remake de L’outremangeur sans qu’il soit nécessaire à la production de prévoir un budget Prothèse !).

Diamant 13 de Gilles Béat_2009
avec Gérard Depardieu, Olivier Marchal, Asia Argento, Anne Coesens, Aïssa Maïga, Catherine Marchal et Aurélien Recoing