Show tiède. Entre deux tournées, des disques, un livre et quelques langues profondes à ses copines Britney et Christina, Madonna a décidé de réaliser un film…
Allez ! il nous faut bien l’avouer, avec ses déclarations fracassantes sur ses inspirations (Godard, Visconti, Pasolini et Fellini, excusez du peu) et le fait que son film ait bien failli ne pas être distribué, on pouvait espérer assister à un super nanar des familles et se payer une bonne tranche de rigolade. Même pas !
Finalement, Madonna nous déçoit avec ce grand fourre-tout semi- autobiographique filmé un peu n’importe comment, qu’elle aurait tout aussi bien pu intituler « Eugène et les filles ».
Les trois personnages principaux ne représentent jamais qu’une facette de sa personnalité : un aspirant rock-star, une timide et talentueuse ballerine au chômage et une jeune femme à la jeunesse difficile (papa don’t preach) qui rêve de missions humanitaires en Afrique… Madonna et son ego nous convient donc à un exposé de pensées pseudo-philosophiques. Faisons bref. Pour atteindre les sommets, il faut se préparer à affronter les pires humiliations, voire se vautrer dans la fange et ceux qui s’accrochent et continuent coûte que coûte de croire à leur bonne étoile réussissent…
Louise, est-ce bien raisonnable tout ça ? Car, au lieu de faire comme n’importe quel pékin, grouillot dans une boite de pub ou smicard chez McDo en attendant la gloire, voilà-t-y pas que l’un est grand prêtre sado-maso et que l’autre ôte ses petites socquettes sur le One more time de Britney Spears (la dame aura apprécié l’hommage) ; la troisième, elle, se came avec les médocs qu’elle vole à son patron… Dans tous les cas, comme les trois avatars de Madonna passent leur temps à se rouler des pelles, on peut en conclure que la Ciccone s’aime beaucoup. On est bien content pour elle !
Heureusement l’abattage de ce filou d’Eugene Hutz*, leader du groupe Gogol Bordello, réussit à nous tenir éveillé devant ce catalogue du petit cochon illustré… Pas de quoi fouetter un masochiste dans cette bluette intemporelle mâtinée d’un certain esprit United colors in Benetton (et notamment lors du concert final*) mais ce festival d’élucubrations foncièrement nunuches laisse à penser que Madonna devrait au choix, ne plus songer au cinéma, voire arrêter de picoler l’eau de la kabbale.
Quant à Richard E. Grant, bien lui en aurait pris de lire les quelques pages que son compatriote Rupert consacre à son « amie » Madonna et à la grosse bouse qu’ils ont commise ensemble avant de signer son contrat.
* Sa réplique qui tue : If you want to reach the sky, fuck a duck and you can fly (proverbe ukrainien)

Obscénité et vertu/Filth and Wisdom de Madonna_2008
avec Eugene Hutz, Vicky McClure, Holly Weston, Richard E. Grant, Stephen Graham, Ade, Olegar Fedoro et Francesca Kingdon