Pickpocketons sous la pluie. Avec Sparrow, divertissant ballet de courses-poursuites, vols à la tire et langues tirées, Johnnie To s’offre une petite fantaisie entre deux polars brutaux (le superbe et violent diptyque Election).
4 moineaux vivaient en paix, une chatte survint. Et que pensez vous qu’il arriva ? Voui ! Ils tombèrent tous un à un sous les griffes de la donzelle mais reprenons.
En argot hongkongais, un sparrow (moineau en V.F.) est un pickpocket. Les sparrows dont s’agit vont se faire pigeonner en beauté par une damoiselle en détresse qui, après les avoir séduit dans des scènes aussi hilarantes qu’abracadabrantes (le coup du ballon qui couine entre deux corps coincés dans un ascenseur exigu vaut son pesant de triade), va allègrement profiter de leur aveuglement, puis de leur bon cœur, pour échapper à un vieux barbon qui la cloître.
L’histoire tient sur un mouchoir de poche, mais peu importe, la caméra virevoltante de Johnnie To tient lieu de scénario. L’important ici est de s’amuser et d’admirer la virtuosité du bonhomme qui, lorsqu’il ne nous offre pas une visite privée des vieux quartiers de Hong-Kong, se marre comme un petit fou en compagnie d’acteurs impeccables, Simon Yam en tête, qui prouve — s’il était besoin — qu’il peut tout jouer, un parrain ambitieux et cruel (Election 1 et 2) ou un pickpocket sentimental et photographe amateur.
En sus de superbes ballades en bicyclette, le film offre deux moments d’anthologie, le vol d’une clé dans un salon de massage et surtout, le ballet final sous la pluie, duel pour de rire où les lames de rasoir remplacent avantageusement les rapières.
Sparrow est une petite récréation, un amuse-gueule pas sérieux pour deux ronds, où l’élégance de la mise en scène prime sur la psychologie des personnages. La musique guillerette et jazzy du duo Xavier Jamaux et Fred Avril en rajoute dans l’insolence et la légèreté.
A déguster donc, sans modération.
Sparrow/Man jeuk de Johnnie To_2008
avec Simon Yam, Kelly Lin, Ka Tung Lam et Suet Lam