Indiana Jones et le royaume du crane de cristal de Steven Spielberg

Cate Blanchett & Harrison Ford dans Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal de Steven Spielberg © Paramount Pictures

Papy Indy fait de la résistance. Un peu d’honnêteté… étant donné le nombre de blockbusters et de nouveaux héros apparus ces deux décennies, nous a-t-il vraiment manqué le professeur Jones ? Faut croire que oui puisqu’on est affalé devant ses dernières (pitié Steven, pour le prochain, ne nous fais pas le coup du retour du fils d’Indiana Jones, il est par trop fadasse le rejeton !) aventures, un gros sac de popcorn en pognes, les petons battant hystériquement le rythme du jingle de John Williams.

Résultat des courses, nous sommes bien devant le bon vieux cinéma de papa (des courses poursuites, des attaques de serpents et autres joyeusetés animalières, du tout-action, du rire, du suspense – exemple, Indiana va-t-il réussir à sortir des sables mouvants et à sauver femme et enfant ? arrrrgh ! – des beaux sentiments, des femmes perfides…).

Après Indy cherche le graal, Indy lutte contre les nazis, Indy s’attaque aux sectes, Spielberg et Lucas, trop généreux, nous offrent un double programme : Indiana Jones meets American graffiti, avec Shia LaBeouf dans une imitation pâlichonne de Fonzie, héros top cool de Happy days + Indy au pays des soviets, avec l’australienne Cate Blanchett qui joue la gredine de service affublée d’un accent stalinien à couper à la faucille (on est en droit de préférer la composition plus subtile qu’elle nous a offerte dans I’m not there de Todd Haynes en incarnant Bob Dylan, époque No direction home). En bref, les compères recyclent… leurs films et ceux des autres.

Question interprétation, Karen Allen a repris du service avec quelques rides supplémentaires et a toujours le coup de poing facile, Harrison Ford (qui a ressorti sa panoplie de la naphtaline) nous rappelle son grand âge à chaque nouvel exploit physique dans une belle imitation de Danny Glover/Murtaugh se lamentant (dans TOUS les épisodes de L’arme fatale) qu’il n’a plus l’âge de ces conneries, le cynique Ray Winstone nous joue les triple, voire quadruple, agents doubles (au bout d’un moment on perd le compte au regard des nombreux retournements de situations qui tiennent lieu de scénario) avec une bonne humeur confondante et John Hurt, déguisé en abominable homme des bois, pelote amoureusement une tête sculptée d’alien (que la bestiole le croque aurait balancé Ridley Scott à la vision de la scène).

Concernant les effets spéciaux, on peut avoir toute confiance en la maison Lucas (par la grâce de Industrial Light & Magic) pour assurer un maximum. Deux morceaux d’anthologie marquent ce quatrième épisode. Le premier – hilarant malgré la gravité du sujet – s’inspire des premiers essais nucléaires dans le désert du Nevada et nous suggère qu’il est toujours bon d’avoir un frigo sous la main ; le second, d’une beauté technique à couper le souffle, clôt le film et nous refile un sacré coup de vieux, Steven Spielberg exploitant sans vergogne un de ses anciens succès.

Dommage par contre que la scène – interminable – du duel à l’épée entre la méchante russe (pléonasme) et l’héritier putatif, arrive après celui au sabre engagé par Johnny Depp/Jack Sparrow au sein d’une roue géante poursuivant sa course folle dans le second volet des Pirates des Caraïbes.

Après un ultime clin d’œil (Fox Mulder ayant profité d’un moment d’inattention de Scully pour investir le corps de Cate Blanchett et bramer aux aliens I want to believe) qui nous informe que les rencontres du troisième type ne sont plus ce qu’elles étaient, les deux pépères nous prouvent que l’époque bénie des rebelles d’Hollywood est bel et bien achevée et qu’il sont maintenant rangés des voitures.

Pour preuve, leur héros prend la poudre d’escampette en abandonnant derrière lui la malfaisante qui refuse d’entendre la voix de la raison (soit, ne pas chercher à découvrir les secrets de l’univers et ainsi, sauver sa peau), épouse sa dulcinée, botte le cul du fiston pour qu’il reste à sa juste place et aille passer son bac d’abord, et votera certainement républicain aux prochaines élections…

Décidément, les aventuriers ont bien vieillis.

© Paramount Pictures

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal/Indiana Jones and the kingdom of the crystal skull de Steven Spielberg_2008
avec Harrison Ford, Cate Blanchett, Karen Allen, Ray Winstone, John Hurt et Shia LaBeouf