Les Nuits en Or du Court Métrage 2010

© Marie Aujame

Courts Primés. Malgré la « Fête du cinéma », il n’y avait malheureusement pas grand monde au Max Linder le 30 juin pour la projection parisienne clôturant la tournée hexagonale de la 4e édition des Nuits en or du court-métrage, destinées à promouvoir 9 films primés par les académies les plus prestigieuses.

Pour de plus amples informations sur cet événement désormais annuel, vous pouvez vous rendre sur  le site officiel.

Voici donc les films considérés comme le dessus du panier — la crème de la crème — dans leur ordre de présentation.
************

© Production Company Sticky Pictures Ltd

The six dollard fifty man de Mark Albiston & Louis Sutherland_2009_15’

Nouvelle Zélande, Qantas Film Award 2009

Il est difficile à 8 ans de ne rêver que de comics et de super héros quand on est analphabète et un tantinet autiste. Andy — qui n’a pas non plus un physique facile — se frotte à la vraie vie en compagnie de dictateurs en culottes courtes, d’une douce héroïne et d’adultes pas foncièrement coopératifs, uniquement armé de sa fougue et de ses feutres.

L’atmosphère est plutôt glauque, la direction des jeunes acteurs, formidable.


************

© David O’Reilly

Please, say something de David O’Reilly_2009_10’

Allemagne, Lola 2009

Un rat écrivain et une chatte s’aiment d’amour tendre dans un monde anamorphosé. Mais les différences et l’indifférence, voire l’ennui, peuvent-ils avoir raison des affaires de cœur ? Une passion transgenre réalisée en animation et onomatopées par un jeune réalisateur de 23 ans (voir bonus).

Surprenant et magique.

A consulter : le site de David O’Reilly

************

© Instituto Superiore Etnografico della Sardegna

L’arbitro de Paolo Zucca_2009_15’

Italie, David di Donatello 2009

Affreux, sales et méchants. Paolo Zucca réalise avec L’arbitro une comédie italienne grinçante comme au bon vieux temps du cinéma transalpin. Méchanceté chronique, parabole christique sur les deux larrons, invraisemblables trognes, villageois en folie devant un match de foot où se croisent deux voleurs de moutons et un arbitre excentrique, on ne peut s’empêcher de songer à Toto qui vécut deux fois/Toto che visse due volte_1998 de Daniele Cipri et Francesco Maresto. Le noir et blanc est tout aussi superbe et la morale, totalement bafouée.

A hurler de rire, tant que l’on ne se trouve pas aux côtés des supporters.


************

© Phi Group

Next floor de Denis Villeneuve_2008_12’

Canada, Jutra 2009

Pour les anorexiques et les végétariens, le film de Dennis Villeneuve (réalisateur entre autres du très beau Un 32 août sur terre avec Pascale Bussières) est comme un avant-goût de l’enfer. L’important dans cette grande bouffe n’est pas de goûter ou de profiter de l’excellence de la cuisine, mais de se remplir la panse, de s’étouffer, de se suicider lentement en augmentant ses taux de cholestérol ou de diabète, et surtout de ne jamais refuser la nourriture offerte par des serviteurs obséquieux. Alors que l’on craint l’explosion monty-pythonnesque, le poids (de la table ? des convives ? des regrets ? de l’ultime gourmandise ?) entraine inexorablement les morphales vers l’abime.

Implacable de par ses choix esthétiques, ce film dur et glacial est un bel objet certes, mais sacrément vain. Mieux vaut également avoir de l’estomac pour l’apprécier.

A consulter : le site du film
************

© Dharamsala

C’est gratuit pour les filles de Marie Amachoukeli et Claire Burger_2009_23’

France, César 2010

Qu’est-ce à dire ? Qu’est-ce qui pourrait bien être gratuit de nos jours pour deux jeunes filles issues de banlieue : le mépris ? la trahison ? la violence ? le mensonge ? le rejet ? Ou l’expression signifie-t-elle qu’il est de bon ton qu’en retour les filles offrent tout à titre gracieux ? leur attention, leurs sourires, leur abandon, leur intimité ? et ce, y compris sur les fameux « réseaux sociaux » ?

Un excellent film quasi documentaire sur l’inconscience adolescente, doublé d’un beau portrait d’amitié avec deux jeunes actrices (Yeliz Zlniak et Laetitial Hadri) étonnantes.

A lire : l’interview des réalisatrices sur le site de Format Court
************

© Kandor Graphics

La dama y la muerte de Javier Recio Gracia_2009_8’

Espagne, Goya 2010

Voir chronique du 14 juin
************

© Drew Bailey

Miracle fish de Luke Doolan_2009_18’

Australie, AFI Award 2009

Décidément, les jeunes enfants ne sont guère à la fête au cinéma. Voici le second court de la soirée sur les difficultés d’un bambin à supporter la vie scolaire et les mauvais traitements de garnements toujours prompts à ricaner des soucis familiaux ou pécuniaires de leurs petits camarades de classe.

Le jour de son anniversaire, notre héros par la grâce du cadeau d’un père terriblement absent — un poisson magique dont la texture réagit à la chaleur de la peau humaine — va ajouter deux nouveaux mots à son vocabulaire, compassion et mort. La vie n’est pas belle.

Accessoirement, le film — remarquable — est doté d’une atmosphère oppressante qui laisse présager du meilleur quant à l’avenir du metteur en scène.

A consulter : le site et la page Facebook du film

************

© Patricia Coronado

Café Paraiso d’Alonso Ruizpalacios_2008_11’

Mexico, Ariel 2009

Deuxième court en noir et blanc, Café Paraiso nous entraine dans le sillage de travailleurs mexicains immigrés sans misérabilisme aucun. Bien au contraire, Alonso Ruizpalacios choisit l’angle de la comédie pour nous conter l’aventure d’un jeune cuisinier rêvant tout haut d’offrir sa démission et de partir vers un ailleurs plus paradisiaque. Rafraichissant.

************

© Autour de minuit

Logorama de H5 (François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain)_2010_16′

France, Oscar 2010

Réponse psychotique au No logo de Naomi Klein ?

Film pop, iconoclaste, impudent, vulgaire et délibérément commercial, Logorama — sur un scénario que ne renierait pas un certain Quentin Tarantino — s’amuse joyeusement à mettre à mal l’image de près de 3 000 entreprises, le rôle du malfaisant revenant à l’odieux Ronald McDonald, mascotte de fast-food ressemblant étrangement à la créature de Stephen King, It.

Dans un Los Angeles aux prises avec « le » tremblement de terre qui l’engloutira, une course poursuite haletante, des clins d’œil grinçants et un final cosmique.

Se débarrassera-t-on jamais des marques ?

A consulter : l’interview (en anglais) des réalisateurs et le site de H5

Bonus

Le clip réalisé par David O’Reilly, réalisateur de Please say something, pour I’ll Go Crazy If I Don’t Go Crazy Tonight de U2