De la religion 1/2. Après Eros, Thanatos, Narcisse & les politicards, Ludovic, fondateur de Cinématique, nous soumet à la question religieuse qui secoue de tant de remous notre misérable planète.
N’étant guère friande du — ni experte sur le — sujet, je vais tenter de ne pas trop m’étendre, mécréante que je suis.
1. Parmi tous ceux qui ont été représentés au cinéma, quel est votre dieu préféré ?

Morgan Freeman qui se barre en vacances et s’en lave les pognes en laissant la barre à un taré monomaniaque dans Bruce almighty de Tom Shadyac_2003.
2. Quel édifice religieux, présent dans un film, vous a donné envie de vous y attarder ?
Deux églises que l’on restaure.

Celle florentine* de Obsession de Brian de Palma_1976 où une rencontre semble-t-il fortuite scelle définitivement le destin de Cliff Robertson et de Geneviève Bujold, fausse réincarnation de son épouse disparue mais en réalité chair de sa chair, sang de son sang.

Celle, vénitienne** de Don’t look now de Nicolas Roeg_1973, où un Donald Sutherland torturé par la culpabilité s’est exilé pour oublier la mort accidentelle de sa fille.
Quoiqu’il en soit, deux histoires de père et de fils fille.
* Basilica di San Miniato al Monte pour les extérieurs & l’église toscane de San Gimignano pour les intérieurs.
** Chiesa di San Nicolo dei Mendicoli. Source : imdb
3. Quel personnage de prêtre vous a le plus marqué ?

Le fort urbain Urbain Grandier, incarné par ce gredin de Oliver Reed dans Les diables/The devils de Ken Russell_1971.
4. Quel est le film le plus blasphémateur que vous connaissez ?
Où débute le blasphème ? Et qui le définit ? Où se niche la provocation ? Et qui la relève ? Bref.

Je tenterais comme réponse La dernière tentation du Christ/The last temptation of Christ de Martin Scorsese_1988 bien que je n’y vois personnellement rien que de très humain. Mais comme des timbrés ont jugé bon d’incendier un cinéma pour en empêcher la projection…

Et je n’ose imaginer ce qui arriverait à Pier Paolo Pasolini si l’on sortait en nos jours d’ultra-politiquement corrects son Salo ou les 120 jours de Sodome/Salò o le 120 giornate di Sodoma_1975. Ah oui, pardon. Il l’a payé. Cher. Mais est-ce bien un film blasphémateur ? Non. A moins que l’on n’en vienne à considérer le fascisme comme sacré. Un film sur le blasphème permanent de certains, plutôt.
5. Quel Jésus de cinéma vous semble le plus fidèle à l’original ? Et le moins ?
La fidélité à l’original ? En technicolor et cinémascope ? Avec des projecteurs en guise d’apparition divine ? Allons donc !

Ceci posé, n’ayant jamais eu le loisir de rencontrer ce monsieur, je ne peux que présumer en lui beauté divine et charisme au vu de ses exploits. Alors, remettons la récompense au bien trop beau pour être honnête Robert Powell, héros de Jesus de Nazareth de ce bachibouzouk de Franco Zeffirelli_1977.
Quant au moins… Nonosbtant, le seul, l’unique, vous l’aurez tous reconnu. Jesus Quintana/John Turturro dans The big Lebowski de Joel et Ethan Coen_1998.
DERNIÈRE MINUTE. On oublie tout et on va se convertir illico après la vision (ha ha ha, jeu de mot) de Histoire de Judas de Rabah Ameur-Zaïmeche et de son Jésus incarné par Nabil Djedouani.

6. Pour quel film mythologique, avez-vous un faible ?

Excalibur de John Boorman_1981. Parce que Morgane > Galadriel et que (tout) le monde n’en finit jamais vraiment de chercher son graal.
7. Quel est votre film de moines (ou de nonnes) favori ?
Valse hésitation, le cinéma aimant à s’imiscer dans des couvents envahis de nonnes plus ou moins gratinées.

Le plus troublant, Le narcisse noir/Black narcissus de Michael Powell & Emeric Pressburger_1947 avec Deborah Kerr et Flora Robson.

Le plus frustré, Mère Jeanne des anges/Matka Joanna od aniolów de Jerzy Kawalerowicz_1961 avec Lucyna Winnicka dont le rôle fut ensuite repris avantageusement par Vanessa Redgrave dans Les diables de Ken Russell (cf. Q 3).

Le plus envouté, Satanico Pandemonium de Gilberto Martinez Solares_1975 avec Cecilia Pezet.
8. Parmi les films abordant la religion juive, quel est votre préféré ?

Mises à part les singulières « comédies du mariage » (ou la religion comme moyen supplémentaire d’oppression des femmes) d’Amos Gitai — Kadosh_1999 — et de la fratrie Ronit et Shlomi Elkabetz dont l’excellent Procès de Viviane Amsalem/Gett sorti l’année passée évoque les tourments religieux sous le mode de l’absurdité la plus totale (et la plus intense hypocrisie),

A serious man de Joel et Ethan Coen_2009, avec ses airs de ne pas y toucher.

Mais aussi et surtout, bien qu’il évoque plus un mythe que la religion. Quoique. L’impressionnant Golem/Der Golem, wie er in die Welt kam de Carl Boese & Paul Wegener_1920.
9. Même question pour l’islam ?
Oublions Le message de Moustapha Akkad_1976, parce que je n’ai pas vu la version arabe avec Abdullah Gaith et que dans la version internationale, bah, Anthony Quinn, il est gentil mais bon, ça n’est pas possible : syndrome Lawrence d’Arabie avec Tony (encore lui !) et Alec en princes arabes… Je ris.

When we were kings de Leon Gast_1996 feat. un de ses plus enthousiastes représentants, Muhammad Ali. Il serait intéressant de savoir combien de conversions il y eut à Kinshasa en 1974 après sa victoire contre Foreman.
10. Quel film a su le mieux traduire l’intensité du monde païen ?

Häxan/La sorcellerie à travers les âges de Benjamin Christensen_1922.

Et sur un mode plus ludique mais tout autant fascinant, The wicker man de Robin Hardy_1973.
Le gif de la mi-temps


A suivre ici