Etre [ou ne pas être] dans le bain : le renoncement

Kôji Yakusho/Takuro Yamashita dans L'anguille de Shōhei Imamura_1997 © Imamura Productions

C’est le premier bain solitaire que Yamashita/Kôji Yakusho prend depuis des années. Il vient de sortir de prison. La baignoire est celle de son « contrôleur judiciaire », un bonze qui a subodoré en ce prisonnier modèle une bonne âme récalcitrante devant toute forme de rédemption.

Il reste planté là, tel une Lady Macbeth n’en revenant toujours pas de son forfait. S’il n’avait tenu qu’à lui et à la culpabilité qui le ronge, il serait toujours derrière les barreaux à expier inlassablement le crime passionnel qu’il a commis.

Les mains, qu’il fixe comme si elles appartenaient à un autre, sont celles là même qui ont poignardé – après avoir blessé méchamment l’amant — la femme infidèle. Cette épouse provocante qui s’est offerte nue aux coups redoublés de son couteau, comme pour, enfin, être pénétrée par cet époux timide et quasi transparent. Aussi fuyant qu’une anguille, en tous points semblable à celle qu’il a apprivoisée, et qui parfois ignore somptueusement ses confidences et stagne, sphinx narquois, au fond de son aquarium tandis qu’il se débat avec l’existence.

Il lui faudra sauver la vie d’une fille perdue qui ressemble furieusement à la défunte, libérer la bête et repasser par la case prison avant de réussir à se reconstruire en tant qu’humain et trouver sa vraie place d’homme, d’ami, d’époux, de père. Fut-ce de l’enfant d’un autre.

L’anguille/Unagi de Shōhei Imamura_1997

A suivre…