Autant en emporte Bullitt

The friends of Eddie Coyle de Peter Yates © The Criterion Collection

Peter Yates [24/07/29-9/01/11]

Malheureusement pour Peter Yates, Bullitt_1968 aura principalement œuvré pour la construction du mythe de la coolitude faite homme d’un certain Steve McQueen et ce, pour de fort mauvaises raisons qui n’ont que peu à voir avec son intransigeance en matière de corruption de hauts fonctionnaires… Il n’y a qu’à contempler désormais cette légendairee rebelle attitude métamorphosée en porte-étendard de marques de luxe.

Solide directeur d’acteurs, Peter Yates est également l’auteur de quelques films moins emblématiques certes, — et aux castings parfois écrasants — mais toutefois très sympathiques comme John & Mary_1969 où flotte sur la rencontre des juvéniles Dustin Hoffman et Mia Farrow comme un parfum de nouvelle vague, Les quatre malfrats/The hot rock_1972, amusante variation sur un cambriolage foireux avec Robert Redford et George Segal, l’anecdotique L’oeil du témoin/Eyewitness_1981 bien qu’il réunisse Sigourney Weaver et William Hurt, sans oublier La guerre de Murphy/Murphy’s war_1971, excellent opus tout à la gloire de Peter O’Toole ou la version filmée de L’habilleur/The dresser_1983 vampirisée par ce grand cabotin d’Albert Finney, martyrisant pour l’occasion Tom Courtenay.

S’il aura survécu à Barbra Streisand (Ma femme est folle/For Pete’s sake_1975) et Cher (Suspect dangereux/Suspect_1987 où il retrouve Dennis Quaid, déjà héros de son ode au cyclisme, La bande des quatre/Breaking away_1979), Peter Yates échouera par contre à relever la défaillante carrière cinématographique de ce grand cornichon de Tom Selleck, bouffé tout cru par cet énergumène de F. Murray Abraham dans Délit d’innocence/An Innocent Man_1989.

Gageons également que ce n’est pas sans une certaine émotion que les garçons se souviennent du fameux tee-shirt mouillé qu’arborait Jacqueline Bisset, athlétique naïade égarée dans Les grands fonds/The deep_1977.

S’il ne doit en rester qu’un…

Quoiqu’il en soit, mon film préféré au titre méchamment ironique demeure le peu connu et de fait, fort sous-estimé, The friends of Eddie Coyle_1973, superbe chant funèbre entonné par un Robert Mitchum magistral en looser magnifique.

Pour avoir réussi 1/ à obtenir le meilleur de ce grand j’m’en foutiste devant l’éternel et 2/ à rendre aimable, voire poignante, l’histoire d’un minable sur le retour prêt à toutes les bassesses pour échapper à son triste destin, voilà bien du grand art et un beau film sur la solitude des obscurs.