Ennio, Luis, Franco, Tomas, Aldo, Klaus et les autres… Instantanés corbucciens

Sur le tournage de Il blanco, il giallo, il nero © Tritone Cinematografica

Le Corbucci-Godard Blogathon 2. Deuxième épisode de ma modeste contribution au Blogathon Corbucci/Godard de Vincent d’Inisfree et — après Le questionnaire Godard — le post d’aujourd’hui sera, de fait, consacré à Corbucci, le troisième grand Sergio du cinéma italien.

Si le cinéma de Leone penche vers l’épique, voire l’élégiaque et celui de Sollima (qui va très bien merci pour lui) dans le sadisme, Corbucci, lui, s’abandonne volontiers avec un soupçon de cynisme au picaresque et à la gaudriole. Rien n’est jamais à prendre franchement au sérieux dans ses films, et surtout pas la condition humaine.

Première rencontre :

Compañeros !/Vamos a matar, Compañeros ! au début des années 70 au cinéma L’Olympia de Casablanca.

© Tritone Cinematografica

Dernier film vu :

Far West Story/La banda J.S. : Cronaca criminale del Far West_1972 sorti en DVD en 2009.

© Producciones Cinematográficas Orfeo
© Producciones Cinematográficas Orfeo

Le film dont je ne me souviens jamais qu’il l’a co-réalisé :

Danza macabra/La danse macabre_1964 avec Barbara Steele, dont la paternité est généralement attribuée sans partage à Antonio Margheriti (qui prétendait alors s’appeler Anthony Dawson).

© Giovanni Addessi Produzione Cinematografica

Le film que j’aimerais bien revoir car il ne m’en reste que peu de souvenirs :

Mais qu’est-ce que je viens foutre au milieu de cette révolution?/Che c’entriamo noi con la rivoluzione?_1972, et ce, pour Vittorio Gassman.

© Fair Film

Le film plein de super pouvoirs que je ne suis pas sûre d’avoir envie de revoir :

Un drôle de flic/Poliziotto superpiù_1980 avec Terence Hill sans Bud Spencer mais avec Ernest Borgnine (help !).

© El Pico S.A.

Le film culte :

Le grand silence/Il grande silenzio_1970.

© Adelphia Compagnia Cinematografica

Les gros nanars qui me font rire :

Romulus et Remus/Romolo e Remo_1961 et Maciste contre le fantôme/ Maciste contro il vampiro_1961. Manque de bol, je n’ai jamais vu Le fils de Spartacus réalisé en1962.

Le film qui donne envie de partir faire la révolution, là, maintenant, tout de suite :

Vamos a matar, Compañeros !_1970 (à condition qu’il y ait Tomas et Franco dans les environs et qu’Ennio conduise l’orchestre).

La plus belle partition :

Ennio Morricone pour Le grand silence/Il grande silenzio_1970.

La chanson :

Django_1966. Musique de Luis Bacalov, paroles de Franco Migliacci, interprétée par Roberto Fia.

Le duel le plus surréaliste :

Celui qui oppose dans des arènes Tony Musante grimé en clown au malfaisant Jack Palance — dont l’œillet à la boutonnière préfigure le gag final — sous l’œil attentif de Franco Nero dans El Mercenario_1968.

La meilleure réplique :

Le Vamos a matar, Companeros ! lancé par Yodlaf Peterson/Franco Nero à la fin du film, cela va sans dire…

© Tritone Cinematografica

Le bagage le plus original :

Le cercueil dans lequel Django/Nero range ses jouets.

© B.R.C. Produzione S.r.l.

Le plus joli son :

Celui de la révolution dans Vamos a matar, Compañeros !_1970 et El Mercenario_1968 (photo).

© Produzioni Associate Delphos

La plus belle arme :

Le pistolet de Silence dans Le grand silence/Il grande silenzio_1970 que Tigrero récupère après sa mort et caresse amoureusement pour en faire tomber la neige.

© Adelphia Compagnia Cinematografica

Les bastons les moins sérieuses :

Orchestrées par l’infernal duo Terence Hill/Bud Spencer dans Salut l’ami, adieu le trésor/Chi trova un amico, trova un tesoro_1981 (attention, VF !).

La torture la plus surévaluée :

Franco Nero dans Vamos a matar, Compañeros ! (photo)_1970, Tony Musante dans El Mercenario_1968 et Tomas Milian dans Il blanco, il giallo, il nero_1975, la subissent tour à tour (et en réchappent bien évidemment à chaque fois par miracle).

© Tritone Cinematografica

La fin la plus alternative :

Celle du grand silence/Il grande silenzio_1970 où Silence abat cette saloperie de Tigrero en duel, où la justice triomphe et où le sourire de Trintignant vient enfin irradier l’écran.

La fin délibérément choisie, parfaitement nihiliste, est sans doute pour beaucoup a/ dans l’insuccès commercial lors de la sortie du film b/ dans le statut de film culte qu’il a acquis depuis.

Le règlement de comptes :

Le duel final dans le cimetière où Django/Franco Nero — malgré sa blessure — abat à lui tout seul tout le casting masculin ayant survécu à leurs précédentes rencontres.

© B.R.C. Produzione S.r.l.

L’art de craquer une allumette :

Franco Nero dans El Mercenario_1968, à 0:53′ et à 1:15′.

L’art d’éteindre une allumette (et d’allumer le feu) :

Jean-Louis Trintignant dans Le grand silence/Il grande silenzio_1970, à 0:45′.

Le cimetière le moins tranquille :

Le cimetière militaire d’I crudeli/The hellbenders_1967, où nos « héros » passent leur temps à y enterrer et déterrer des cadavres, de préférence de nuit et sous une pluie torrentielle.

© Alba Cinematografica

Le couple parfaitement interchangeable :

Silence/Jean-Louis Trintignant et Tigrero/Klaus Kinski, soit le bon et la brute du grand silence/Il grande silenzio_1970.

Si l’on songe à l’immonde que jouait Trintignant dans Il conformista de Bernardo Bertolucci_1970 et au héros bafoué auquel Klaus Kinski prêtait son regard halluciné dans Et le vent apporta la violence/E Dio disse a Caino_1970 d’Antonio Margheriti, les deux hommes auraient parfaitement pu échanger leurs rôles ici (voire, partir ensemble vers le soleil couchant).

© Adelphia Compagnia Cinematografica

Le couple idéal :

Tomas Milian et Franco Nero dans Vamos a matar, Compañeros !_1970.

Aussi inséparables — sur un mode plus truculent — et complémentaires que James Coburn et Rod Steiger dans le mélancolique Giù la testa/Il était une fois la révolution_1971 de Sergio Leone.

© Tritone Cinematografica

Le joli garçon le plus défiguré :

Jean Sorel dans (le pas très bon s’il m’en souvient bien) L’homme qui rit/L’uomo che ride_1966.

© Compagnie Internationale de Productions Cinématographiques (CIPRA)

La révélation :

Les yeux bleus de Franco Nero dans Django_1966.

© B.R.C. Produzione S.r.l.

Le plus cabotin d’entre tous :

Tomas Milian grimé en japonais pour les besoins d’Il blanco, il giallo, il nero/Le blanc, le jaune et le noir_1975.

© Tritone Cinematografica

Le plus zoophile :

Jack Palance, vu l’amour immodéré qu’il porte à son faucon dans Vamos a matar, Compañeros !_1970.

© Tritone Cinematografica
© Tritone Cinematografica

Les plus faux-frères :

Terence Hill et Bud Spencer dans Pair et impair/Pari e dispari_1978. Et la musique n’est pas d’Ennio Morricone… (mais de Guido et Maurizio de Angelis).

Le plus dandy :

Telly Savalas dans Far West Story/La banda J.S. : Cronaca criminale del Far West_1972.

© Producciones Cinematográficas Orfeo

Le plus rancunier :

Burt Reynolds (imberbe) dans Navajo Joe_1966.

© C.B. Films S.A

Le plus taiseux :

Jean-Louis Trintignant dans Le grand silence/Il grande silenzio_1970. (y compris quand il meurt).

© Adelphia Compagnia Cinematografica

Le cowboy idole des jeunes le plus improbable de l’ouest :

Johnny Hallyday dans Le spécialiste/Gli specialisti_1969.

© Adelphia Compagnia Cinematografica

Les plus « Priscilla, folle du désert » :

Giuliano Gemma, Tomas Milian et Eli Wallach (emprunté à l’occasion à Sergio Leone et qui n’en finit pas de creuser) dans Il blanco, il giallo, il nero/Le blanc, le jaune et le noir_1975.

© Tritone Cinematografica

La star vieillissante dans un western crépusculaire :

Joseph Cotten dans I crudeli/The hellbenders_1967.

© Alba Cinematografica

Les plus belles bacchantes :

Franco Nero dans El Mercenario_1968.

© Produzioni Associate Delphos

Les plus beaux accroche-cœurs :

Jack Palance dans El Mercenario_1968.

© Produzioni Associate Delphos

Les plus jolies épaules :

Loredana Nusciak dans Django_1966.

© B.R.C. Produzione S.r.l.

Le plus doux visage :

Vonetta McGee dans Le grand silence/Il grande silenzio_1970.

© Adelphia Compagnia Cinematografica

La plus gironde des pépés des péplums :

Gianna Maria Canale (Madame Riccardo Freda à la ville) dans Maciste contre le fantôme/ Maciste contro il vampiro_1961.

© Ambrosiana Cinematografica

La beauté transalpine parfaitement sous-employée :

Ornella Mutti dans (le très bizarre et mal fichu) Mélodie meurtrière/Giallo napoletano_1978.

© Irrigazione Cinematografica

La plus marxiste :

Giovanna Ralli dans El mercenario_1961.

© Produzioni Associate Delphos

L’actrice la plus maltraitée :

Susan George dans Far West Story/La banda J.S. : Cronaca criminale del Far West_1972 et ça tombait bien, elle arrivait de Straw dogs/Les chiens de paille de Sam Peckinpah, elle n’a pas eu besoin de trop composer son air de martyr.

© Producciones Cinematográficas Orfeo

Enfin, le top 5 de la malfaisance :

Tigrero/Klaus Kinski dans Le grand silence/Il grande silenzio_1970.

© Adelphia Compagnia Cinematografica

L’affreux, sournois et concupiscent profiteur Policutt/Luigi Pistilli, qui met la tête des maris à prix pour s’offrir les faveurs de leurs veuves à peu de frais dans Le grand silence/Il grande silenzio_1970.

© Adelphia Compagnia Cinematografica

Le chasseur de scalps Aldo Sambrell qui a la fort méchante idée de massacrer la famille de Burt Reynolds dans Navajo Joe_1966 (photo). A noter que la vénalité naturelle de ce brave Aldo lui fera également connaître une fort vilaine fin dans I crudeli/The hellbenders_1967.

© C.B. Films S.A

L’ignominieux et précieux capitaliste à la solde de la dictature, le bien nommé (rapport à la moumoute) Curly/Jack Palance dans El Mercenario_1968.

© Produzioni Associate Delphos

Eduardo Fajardo et José Bódalo, les Laurel et Hardy réfractaires à la révolution mexicaine. Aussi infects l’un que l’autre, le premier, aristocrate onctueux, méprise le plus souvent le second, général bon vivant et sadique. Ils commettent leurs méfaits ensemble ou séparément mais ne survivent jamais à la dernière bobine.

Vus notamment dans Django_1966, Vamos a matar, Compañeros !_1970, El Mercenario_1968 ou Far West Story/La banda J.S. : Cronaca criminale del Far West_1972.

© B.R.C. Produzione S.r.l.

Et en guise d’épilogue, les deux meilleurs conseils jamais donnés à un (apprenti) révolutionnaire :

Your friend is right, compañero. When you’re about to die, don’t ask so many questions.

Yolof Peterson/Franco Nero dans Vamos a matar, Compañeros !

Source: imdb

Dream, Paco, but dream with your eyes open.

Kowalski/Franco Nero dans El Mercenario
Source: imdb

A consulter sans modération : The mondo esoterica Guide to Sergio Corbucci