Etre [ou ne pas être] dans le bain : le pacte

Paul Williams dans Phantom of the Paradise de Brian de Palma_1974 © 20th Century Fox

Le naïf Winslow Leach/William Finley a beau dépasser de trois bonnes têtes cette lilliputienne crevure de Swan/Paul Williams, méphistophélique producteur de Death Records et prédateur musical, il est bien incapable de lui faire la peau.

Tout au plus peut-il lui pourrir l’existence en endossant le masque du fantôme d’un (infernal) paradis.

Et pour cause. Comment pourrait-il deviner que cette vermine (qui ne déparerait pas la liste de malfaisants débutée ici) aurait pu se prénommer Dorian et qu’un jour de vile déprime, cette damnée saloperie a tenté — aux fins de conserver jeunesse et beauté — de s’ouvrir les veines dans sa baignoire ?

Mal en a pris à cet impudent égocentrique de souhaiter filmer ses derniers instants. C’est un double maléfique qui lui apparaît via l’écran de contrôle de son téléviseur, troublant reflet de sa gloire à venir, et qui l’enjôle, lui promettant immortalité et trompettes de la renommée en échange de son âme.

Swan en parfait accord avec son manque total de conscience s’abandonne derechef à la tentation et dès lors qu’il peut laisser libre court à ses appétits féroces, semer le trouble et le désordre, et accessoirement s’emparer des œuvres et des psychés de tout candidat à la célébrité, c’est l’image enregistrée qui décline et pourrit à sa place. Sous son observation quotidienne, car de sa pérennité dépend sa survie.

Son existence fut un maelstrom de succès et de trahisons, sa mort en sera l’apothéose. Le visage écorché vif, son corps est porté en triomphe par d’hystériques fans à jamais maudits tandis que Phoenix/Jessica Harper fuit le Paradise désormais livré au bon vouloir du malin.

Phantom of the Paradise de Brian de Palma_1974

A suivre…