S.O.B., la vie : 10 films de Blake Edwards

Breakfast at Tiffany's de Blake Edwards © Splendor Films

Blake Edwards [26/06/22 – 15/12/10]

Comme tous les types capables de vous faire hurler de rire — et notamment avec la complicité de son alter ego, es-maître en loufoqueries, Peter Sellers — Blake Edwards excellait également dans la noirceur chagrine et dénicha d’ailleurs en Jack Lemmon un compagnon de mélancolie idéal.

Si l’on se souvient (malheureusement) surtout de Elle/Ten_1979 pour la coiffure et la plastique généreusement dévoilée de Bo Derek, S.O.B._1981, monument d’auto-flagellation, de mauvais goût, de cruauté et de cynisme parfaitement assumé n’épargne personne, pas même son épouse à la ville, la charmante Julie Andrews bien loin de Mary Poppins.

Hormis Ten, donc, voici un choix de dix films sur les 46* que compte la carrière de réalisateur de Blake Edwards à ne pas rater (ou qu’il n’est pas interdit de revoir).
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© Warner Bros. Pictures

La grande course autour du monde/The great race_1965

Un must de la screwball comedy. Délire non sensique, The great race — outre que l’on assiste sans doute à la plus grandiose bataille de tartes à la crème du cinéma —, confirme également l’extraordinaire alchimie entre un Jack Lemmon génialement malfaisant (son récurrent Push de button, Max restera dans les annales) et un Tony Curtis débordant de charme. Note à l’attention de la population masculine, la fort séduisante Natalie Wood n’est guère épargnée** non plus par le vent de folie soufflant sur le film. Et ce, jusqu’à la dernière image. Fatalitas !

© Mirisch Corporation

The party_1968

Sommet du burlesque et bénéficiant de la démesure d’un Peter Sellers survolté, il est désormais radicalement impossible, pour qui a vu The party, de garder son sérieux devant le sacrifice de Gunga Din dans le film éponyme de George Stevens réalisé en 1939. A en outre redonné ses lettres de noblesse à la « soirée mousse ».

© Jalem Productions

Le jour du vin et des roses/Days of Wine and Roses_1962

Fini de rire, le clown est triste. Dans le rôle d’un alcoolique mondain entraînant sa jeune épouse dans son addiction, Jack Lemmon est aussi glaçant dans l’ironie amère qu’il fut badin et fantasque sous des atours féminins.

© Universal International Pictures (UI)

Opération jupons/Operation Petticoat_1959

A se tordre tandis que notre petit cœur de midinette tangue entre Cary Grant et Tony Curtis. Une cargaison de passagères affolantes. Des dialogues savoureux saupoudrés de sous-entendus follement grivois et un sous-marin entièrement repeint en rose. Inoubliable.

© Artista Management

S.O.B._1981

Julie Andrews prête héroïquement main forte à son cher et tendre époux en pleine crise de conscience en se parodiant généreusement, brisant définitivement son image et dévoilant ses seins. Certains, à Hollywood, ne s’en sont toujours pas remis. Parfaitement odieux et frénétiquement hilarant.

© Artista Management

Victor/Victoria_1982

Personne n’est parfait, certes mais ce petit joyau de comédie mal élevée, outre qu’il mélange allègrement les genres, permet également à Blake Edwards d’offrir un superbe cadeau à Julie Andrews, reine transformiste aux multiples talents. Se moquant ouvertement du bon goût et de l’hypocrisie, Victor/Victoria est un joyeux encouragement aux transgressions. Notons que face au couple vedette Andrews/Garner, Robert Preston et Lesley Ann Warren se paient également quelques jolies parts du lion.

© The Mirisch Corporation

Quand l’inspecteur s’emmêle/A shot in the dark_1964

Un des meilleurs épisodes de la saga de La panthère rose débutée l’année précédente. La folie de Peter Sellers. L’accent de l’inspecteur Clouseau. La loufoquerie des combats contre Cato/Burt Kwouk. Les tics et crises d’apoplexie d’Herbert Lom. La piquante Elke Sommer. Une abracadabrante histoire dont on se fiche éperdument. La musique d’Henry Mancini. Est-il besoin d’en rajouter ?

© The Mirisch Corporation

Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?/What did you do in the war, Daddy?_1966

La guerre n’est pas chose spécialement jolie mais ce n’est pas une raison pour la prendre au sérieux (tant que les méchants, les vrais, ne la gagnent pas). Première collaboration réussie entre Blake Edwards et le prince de la coolitude, James Coburn.

© Jurow-Shepherd

Diamants sur canapé/Breakfast at Tiffany’s_1961

Un écrin pour la beauté et la fantaisie d’Audrey Hepburn, elfe miraculeux camouflant joliment quelques blessures secrètes. Brillant, désespérément charmant et définitivement mythique. Si culte que plus personne ne se souvient que l’héroïne du roman — diablement édulcoré par un happy end très humide — de Truman Capote était une demi-mondaine qui finit bien mal.

© Geoffrey Productions

Deux hommes dans l’ouest/Wild Rovers_1971

La nostalgie, camarade. Pas aussi crépusculaire que le magnifique Deux hommes dans la sierra /Ride de hide country_1962, ni violemment cynique que La horde sauvage/The wild bunch_ 1969, tous deux réalisés par Sam Peckinpah, le film mérite le détour, ne serait-ce que pour l’éternel chant du cygne de William Holden à qui sied admirablement cet air de fatigue mélancolique. Quant à Ryan O’Neal, fraichement auréolé du succès démentiel de Love story, il essaie désespérément d’exister face à ses illustres ainés, Karl Malden, impérial, participant également à l’aventure.

* Source: imdb
** La petite histoire retiendra que c’est Blake Edwards lui-même qui, pour les gros plans de l’actrice, la bombarde de tartes pour se venger de son attitude de diva durant le tournage

A lire. Blake Edwards, Old School (DGA Quaterly, summer 2009)