Dernier round. Questions 36 à 39 de l’investigation de Ludovic de Cinématique.
36. Quelle actrice ou quel acteur aimeriez-vous voir grimé en l’autre sexe ?
Soyons francs, si le travestissement peut rendre une femme troublante,


un garçon grimé en fille sera souvent sujet à quolibets (voire flirtera avec la perversité comme Donald Pleasence humilié par sa Françoise Dorléac d’épouse dans Cul de sac de Roman Polanski_1966 ou — le très séduisant par ailleurs — Charles Dance dans une des scènes les plus malsaines de White mischief de Michael Radford_1987)…




… excepté pour quelques beautés androgynes comme Jaye Davidson dans The crying game de Neil Jordan_1992 (quoique lorsque j’ai vu la tête de Stephen Rea contemplant la nudité de sa dulcinée, je me suis fait l’effet d’une Lesley Ann Warren riant aux éclats devant l’air effaré de James Gardner découvrant que Victoria est un Victor…)
Leslie Cheung dans Adieu ma concubine/Ba wang bie ji de Chen Kaige_1993,

ou Ryûhei Matsuda, héros de Tabou/Gohatto de Nagisa Oshima_2000.

Par contre, pour moi un des meilleurs films érotiques (doublé d’un excellent thriller, ce qui ne mange pas de pain) sur les thèmes du double, du transformisme et de la confusion des genres reste sans contexte Performance de Donald Cammel et Nicholas Roeg_1970 avec James Fox (déjà bien affolant dans The servant de Joseph Losey_1963) et Mike Jagger.

Nonobstant, je trouve fort séduisants les garçons en jupe (surtout depuis que William Wallace nous a montré ce qu’ils portaient dessous) lorsqu’ils l’assument.
Et si l’on se reporte à la question 1 de cette étude et que l’on se souvient du court-métrage intitulé Putting pants on Philip de Clyde Bruckman_1927 (disponible ici) , cet aveu ne surprendra pas. CQFD.
37. Quel regard-caméra vous a le plus ému ?
Terence Stamp dans Théorème de Pier Paolo Pasolini_1968

Le regard déjà vitreux de Marlon Brando avant qu’il ne s’écroule foudroyé dans Le dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci_1978

Le regard confession de Mathieu Amalric au début de L’histoire de Richard O. de Damien Odoul_2007.

Les regards complices de Tilda Swinton dans Orlando de Sally Potter_1992.

Et comme tout dépend de la définition que l’on donne aux termes « être émue », il est certain que les regards de Malcolm McDowell dans A clockwork orange de Stanley Kubrick_1971 et d’Anthony Perkins dans Psycho d’Alfred Hitchcock_1960 me donnent fichtrement envie d’aller prendre une douche (ce qui, concernant le second, n’est peut-être pas une si bonne idée)…


38. Quel réalisateur est selon vous le mieux parvenu à filmer l’acte sexuel (hors films pornographiques) ?
Oublions les sempiternelles scènes de « passion amoureuse » — mix de regards affamés et râles asthmatiques — qui inspirent généralement le fou rire (outre que je me suis toujours demandée si les amants repartaient en haillons considérant le nombre invraisemblable de corsages et autres vêtements arrachés dans les convulsions affectueuses).
Car, si l’on occulte les plans « sexe » proprement dits, les séquences les plus troublantes sont sans contexte celles qui mettent en scène l’intimité conjugale.
Ainsi, le tendre échange entre deux ablutions de Donald Sutherland et Julie Christie par Nicholas Roeg* dans Don’t look now_1973…

Ou la petite récréation des époux (libérés pour une soirée de leur progéniture) de A history of violence de David Cronenberg_2005 (un jeu de rôles qui se révèlera bien plus violent lorsqu’il sera reproduit par la suite).


* qui sera ultérieurement ravi de mettre en scène sa propre épouse dans des situations plus ou moins scabreuses, notamment dans Bad timing_1980.

39. Est-ce le même que celui que vous considérez comme le plus grand maître en érotisme ?
Ah diable… tout de suite les grands mots ! Parlons plutôt d’un érotique trio…
David Cronenberg, le viscéral

Peter Greenaway, le cérébral

Claire Denis, la sensuelle.

Le mot de la fin
Un beau nez bien au milieu de la figure peut parfois engendrer des troubles profonds sur les personnes sensibles.
Le plus beau profil appartient sans contestation possible à Marlon Brando. J’ai dit.

Et en prime, la bande annonce de Reflections in a golden eye, un des films les plus aberrants de John Huston_1967. Qui pourrait résister au Have you ever been collared and dragged out into the street and thrashed by a naked woman? de Leonora/Liz Taylor à son cher et tendre époux ?
J’attends désormais de Ludovic, comme promis dans les commentaires (ici), qu’il nous concocte (pour la rentrée ?) un délectable questionnaire Thanatos…
Vous pouvez reprendre une activité normale.

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Et si vous avez raté le début :