Etre [ou ne pas être] dans le bain : la transformation

Udo Kier/Dr Henry Jekyll dans Dr Jekyll et les femmes de Walerian Borowczyk_1981 © Allegro Productions

Henry Jekyll/Udo Kier, souhaitant léguer toutes ses possessions à un certain Hyde, confie cet étrange testament à son notaire peu avant la fête donnée pour ses fiançailles avec Miss Osbourne (Marina Pierro, dont le corps voluptueux peine à se discipliner dans un sadique corset).

Librement adapté de l’œuvre de Robert Louis Stevenson, Dr Jekyll et les femmes (ou Le cas étrange du Dr Jekyll et de Miss Osbourne) est un quasi huis clos où l’horreur et la lubricité vont se déchainer en une nuit. Alors que Jekyll est sommé de s’expliquer sur ses expériences impies, les appétits priapiques du monstre qui rôde dans sa demeure vont mettre à mal toute la maisonnée, innocentes enfants et serviteurs compris.

Nous sommes chez Borowczyk. Il est donc entendu que c’est tout autant la haine des conventions qui habite ce brave docteur en manque d’affection, que l’étude de l’instinct purement animal doublé de folie sexuelle qui semble s’emparer des quelques invitées mises au contact de la bête. Avec son habituel mélange de paillardise et de grotesque, le réalisateur s’amuse tout autant à tuer la mère qu’à bouffer du curé, sous le fallacieux prétexte de décrire l’amour cannibale qui va bientôt unir son Dr Jekyll à Miss Osbourne. Sans oublier de s’abandonner à son obsession maladive en filmant amoureusement les charmants fondements de ses actrices.

Mais revenons à Henry Jekyll. Si une simple piqure de sérum — injecté par l’increvable Howard Vernon — calme illico l’instabilité de son double, c’est un bain aux sels maléfiques qui suffit à le réveiller. A la grande joie des spectatrices, Udo Kier, en transes, se plonge plus souvent qu’à son tour dans sa baignoire, pour s’y ébrouer allègrement et s’y peloter de manière fort peu convenable avant transfiguration.

Et reconnaissons que le plus abominable de cette œuvre nihiliste n’est pas tant l’innocence bafouée ou la transgression des tabous par une horde de femelles frustrées, mais bien plutôt que l’halluciné et très joli Udo Kier se transforme au sortir du bain en l’hallucinant et nanardesque Gérard Zalcberg.

Là réside le véritable crime du Dr Jekyll.

Dr Jekyll et les femmes de Walerian Borowczyk_1981

A suivre…