De la question. Palsambleu ! Cornegidouille, enfer et bobines en nitrate putréfiées ! Marivaudage m’a linkée dans une chaine de blougues (en bonne compagnie donc, tout est pardonné*).
Le petit jeu dont s’agit est d’apporter une réponse ferme** au questionnaire soumis à Steven Soderbergh par Libération.
* Accessoirement, titre d’un merveilleux film de Mia Hansen-Love_2007 avec Paul Blain et Constance Rousseau que je vous encourage vivement à visionner
** mais pas spécialement définitive… Car en ce qui me concerne, il va formellement de soi — comme je l’ai indiqué dans mes posts Blogday 2009 et The last (good) movie — que non seulement les réponses du jour n’entraînent que la responsabilité de ce dimanche pluvieux mais qu’elles peuvent évoluer fanatiquement au fil du temps… Quant au fait de n’en fournir qu’une seule…
Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?
AUCUN, puisqu’aller au cinéma était une fort aimable coutume familiale et que dès que j’ai été en âge de marcher, j’ai pu les suivre à L’Olympia, cinéma de quartier de Casablanca où l’on n’avait que faire des interdictions au moins de… dès lors que les bambins étaient accompagnés de leurs parents.
Par contre, je me souviens qu’en 1968, alors que Rosemary’s babyde Roman Polanski était à l’affiche, avoir été éloignée quelques minutes par une ouvreuse charitable lors de la fatidique rencontre zoophile entre Rosemary/Mia Farrow et un bouc auquel elle n’avait pas été présentée préalablement… et avoir ensuite été follement traumatisée par la vision de cette même Rosemary flanquant la mousse au chocolat offerte par Madame Castevet/Ruth Gordon à la poubelle. Comme quoi on ne se méfie jamais assez de l’impact des scènes de repas sur la psychologie enfantine…
Une scène fétiche ou qui vous hante ?
Les mains du prêcheur Harry Powell/Robert Mitchum s’engageant dans l’éternelle bataille séparant Hate et Love dans The night of the hunter/La nuit du chasseur de Charles Laughton_1955
L’ »accouchement » de Nola/Samantha Eggar dans The brood/Chromosome 3 de David — grand spécialiste de scènes fétichistes — Cronenberg_1978.

La fort croquignolette hallucination de Max Renn/James Woods dans Videodrome de David Cronenberg_1982

John Trent/Sam Neil sombrant dans la folie et riant aux éclats devant le film de sa propre aventure alors que l’univers touche à sa fin dans In the mouth of madness de John Carpenter*_1994
La danse de séduction de Tom/Christopher Walken futur maquereau de la naïve Eileen/Bernadette Peters dans l’invraisemblable film d’Herbert Ross, Pennies from heaven_1981 sur une musique de Cole Porter Let’s Misbehave (ben voyons…)
Et dans un registre bien plus amusant, les folles agapes (des histoires de bouffe, encore et toujours) auxquelles se livrent Tom Jones/Albert Finney et une de ses conquêtes dans le Tom Jones de Tony Richardson_1963, délicieux préliminaires à des plaisirs plus charnels.
Vous dirigez un remake : lequel ?
The night of the hunter/La nuit du chasseur de Charles Laughton_1955 en pate à modeler, en collaboration étroite avec Adam Elliot, le (très patient) réalisateur de Mary & Max

Le film que vous avez le plus vu ?
Ahem… The night of the hunter/La nuit du chasseur de Charles Laughton_1955, The searchers/La prisonnière du désert de John Ford_1956, Les tontons flingueurs de Georges Lautner_1963, Per qualche dollaro in più/Et pour quelques dollars de plus de Sergio Léone_1965, La grande vadrouille de Gérard Oury_1966, Mean Streets de Martin Scorsese_1973, Videodrome de David Cronenberg_1982, Prince of darkness de John Carpenter_1987, à régularité quasi équivalente car quand on aime on ne compte pas… et j’en oublie !

Qui ou qu’est-ce qui vous fait rire ?
La crotte de nez changeant subrepticement de narine lors de la scène de repas (oui, encore une !) entre Andy Kaufman/Jim Carrey et un George Shapiro/Danny de Vito effaré dans Man on the moon de Milos Forman_1999.

La fameuse scène de reconnaissance dans les bains turcs de La grande vadrouille de Gérard Oury_1966 où Augustin Bouvet/Bourvil et Stanislas LeFort/Louis de Funes sont à la recherche de BigMoustaches/Terry Thomas.
La bouille de Bernard Blier/Raoul Volfoni lorsque Lino Ventura/Fernand Naudin vient lui souhaiter un bon anniversaire avant de lui coller un bourre-pif.
Toutes les scènes où apparaît Daphne/Jack Lemmon dans Some like it hot/Certains l’aiment chaud de Billy Wilder_1959 et particulièrement celle où elle/il vient annoncer d’un air rêveur à son compère Josephine/Tony Curtis qu’Osgood/Joe E. Brown l’a demandé en mariage.
Et Will Ferrell, dans à peu près tout et surtout n’importe quoi, comme par exemple sur des patins à glace dans Blades of glory de Josh Gordon et Will Speck_2007 ou draguant la veuve esseulée bientôt joyeuse dans Wedding crashers/Serial noceurs de David Dobkin_2007 (où ses complices Vince Vaughn et Owen Wilson ne sont pas mal non plus)
Votre vie devient un biopic…
Quelle horreur (et quel ennui) ! Je déteste les biopics… Alors, histoire de s’amuser quelque peu : What Ever Happened to Baby Jane?/Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?de Robert Aldrich_1962 (et je veux le rôle de Bette Davis).

Le cinéaste absolu ?
Est celui d’un seul film, qui n’aura donc eu ni le temps ni le loisir de frustrer ou de décevoir…
Alors, l’acteur Charles Laughton* pour le poétique The night of the hunter/La nuit du chasseur_1955, le musicien Leonard Kastle pour le vénéneux et inégalé The honeymoon killers/Les tueurs de la lune de miel_1969 et le graphiste Saul Bass** pour le magnifique Phase IV_1974
* Je conseille radicalement la vision de l’interview de Robert Mitchum par l’équipe de Claude Ventura pour l’émission Cinéma, cinémas… La vision de l’acteur, en matou matois, vantant le talent et l’intelligence de Laughton et tendant sournoisement la perche au journaliste est un pur délice. Pourquoi pensez-vous donc qu’il n’a jamais plus tourné de film en tant que réalisateur demande le naïf… Haussement de paupières de l’autre endormi : well, he’s dead… J’en ris encore !
** Se reporter au remarquable article de Design&Typo LeBlog qui répertorie ses multiples créations
Le film que vous êtes le seul à connaître ?
Seule à connaître, certes pas, puisque nous étions quelques-uns en 1987 à découvrir le premier court métrage de Lucile Hadzihalilovic La première mort de Nono diffusé en double programme avec Pulpe amère de Gaspard Noé, co-fondateur de la société de production « Les Cinémas de la Zone ».

S’ensuivra en 1996 La bouche de Jean Pierre, un moyen métrage qui écumera les festivals et collectionnera les récompenses…
Puis en 2005, la sortie d’Innocence – adaptation onirique et troublante d’une nouvelle de Frank Wedekind intitulée Mine-Haha — divisera la critique et fera fuir le public* (votre serviteur plus trois autres spectateurs esseulés en ce dimanche 22 janvier dans une salle d’un cinéma bien connu des Halles).
Il est donc plus que temps de revoir et réévaluer à sa juste (grande) valeur la carrière de la dame.
* du moins français puisque le film a également remporté de nombreux prix de par le monde, dont le H.R. Giger « Narcisse » 2005 au Festival international du film fantastique de Neuchâtel…
Une citation de dialogue que vous connaissez par cœur ?
Frankly, mydear, I don’t give a damn
Rhett Butler/Clark Gable à Scarlett O’Hara/Vivien Leigh dans Gone with the wind/Autant en emporte le vent de Victor Fleming_1939 (à 1:10).
A chaque fois que pense à cette réplique, je sens la moustache qui me pousse…
Mais il est certain que les dialogues du Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré_1982 sont une mine de répliques cultes pour tous les dramatiques (« ça dépend, ça dépasse ») instants de la vie. Si l’on se met à parler nourriture, le fameux « c’est fin ça s’mange sans faim » a souvent ma préférence.
L’acteur que vous auriez aimé être ?
Lon Chaney (photo : He who gets slapped de Victor Sjöström_1924)parce qu’il n’a jamais eu besoin de parler pour impressionner la pellicule…

et l’actrice ?
Tilda Swinton, parce que !

Le dernier film que vous avez vu ? Avec qui ? C’était comment ?
Ce matin, à la première séance, bien avant d’ingurgiter mon café, The box de Richard Kelly et je suis toujours en proie à d’intensives hallucinations alors que promis-juré, je n’ai absorbé aucune substance illicite*… mais c’est étrange : des cercles orangés apparaissent sur mon papier peint, j’ai une folle envie d’appuyer sur des p’tits boutons et je me demande vraiment s’il est envisageable de continuer à prendre des bains…
* quoique oui, je reconnais qu’hier au soir, j’ai fait un peu de jardinage avec Les herbes folles en compagnie d’Alain (Resnais), André (Dussollier), Mathieu (Amalric) et Michel (Vuillermoz). J’ai beaucoup ri ! C’était bon… (et j’ai décidé que dans l’ultime hypothèse où je devrais me réincarner en matou, je préfèrerais de beaucoup que l’on me serve du mou).

Un livre que vous adorez, mais impossible à adapter ?
In the spirit of Crazy Horse de Peter Matthiessen qui n’a jamais connu les honneurs d’une traduction française si ma mémoire est bonne. Mais lorsque je songe à ce qu’a fait Hector Babenco en 1991 d’At play in the fields of the Lord/En liberté dans les champs du seigneur, je préfère qu’on n’y touche pas. Le deuxième auteur absolument inadaptable est Stig Dagerman dont mon texte préféré demeure Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. J’imagine déjà, dans le cas contraire, le fantastique merchandising que cette adaptation pourrait entrainer : cordes pour se pendre, lames de rasoir multicolores ou flacons de ciguë distribués à l’entrée des cinémas…

Quelque chose que vous ne supportez pas dans un film ?
La mièvrerie, les scènes tire-larmes, l’obscénité de l’esprit (je ne parle donc évidemment pas ici de scènes de cul). Je ne fournirais aucun exemple, je préfère de loin oublier les films que je n’ai pas appréciés.
Le cinéma disparaît. Une épitaphe ?
Nobody’s perfect !
Et en bonne compagne blouguesque, je propose donc à VieraSouto, Sandra M., Valérie, Kilucru, Ed(isdead), Mariaque, IMtheRookie et tous ses amis de Vodkaster qui ont l’air d’apprécier faire de la liste, Chandleyr, Osmany, Jordane/Jochu, Stephon, Alexander R., Cineblogywood, Florian L., Voisin Blogueur, Bob, Niko, MattB et Rom – entre autres – de bien vouloir se soumettre à l’insu de leur plein gré à la question car comme chacun sait, plus on est de fous…
Si j’ai oublié certaines personnes, je me flagelle, et dans le but d’éviter les doublons, voici déjà les joyeux portraits de : Marivaudage, Dr Orlof, Vincent et ce mécréant de Rob Gordon qui veut remaker Vidéodrome… Sacrilèèèèèèèèège !!!