Largo Winch II de Jérôme Salle

Sharon DéshabillezMoi Stone dans Largo Winch II de Jérôme Salle © Wild Bunch Distribution

Bons baisers de Birmanie. Largo Winch devenu l’unique héritier du groupe W décide de se muer en St François d’Assise et de partir vivre nu (N’hésite pas Tomer, nous sommes avec toi) dans les rizières birmanes après avoir offert aux mânes de son père une fondation humanitaire.

Et tout irait pour le mieux dans la meilleure et luxuriante Birmanie possible si une gueuse de procureur (Sharon Stone) ne l’accusait de crimes contre l’humanité pour se faire un peu de pub — son basic instinct ne la trompe pas, ce garçon est trop beau pour être honnête. A moins que la perfide ne fasse partie du damné complot car, de trois choses l’une : 1/ la proc’ en croque 2/ cette effrontée cougar veut s’offrir un nouveau sex toy 3/ cette juste est manipulée comme une bienheureuse idiote par des puissances supérieures possédant des penthouses de la taille du Luxembourg.

Les volte-face sont nombreuses, les coups de théâtre de préférence grotesques et l’épilogue tout bonnement ahurissant lorsque l’on songe qu’il y a près de vingt ans, la dame à la foufoune narquoise jouait sans faillir du pic à glace.

En guise de résumé, les plus du film…

  • Largo Winch a une belle âme (et de chouettes pectoraux) et le cœur sur la main, surtout avec le pognon de papa.
  • Tomer Sisley tombe la chemise dès qu’il en a l’occasion (et il se castagne sans doublure).
  • Le charisme de Laurent Terzieff.
  • Sharon Stone a le port de string d’une fille de 20 ans.
  • Un invraisemblable saut en parachute (ou pas) offrant le même degré d’hilarité que les cascades fofolles de L’agence tout risque/The A-team de Joe Carnahan_2010.
  • Les tribulations d’un maître d’hôtel en Thaïlande. L’humour primesautier et la fantaisie de Nicolas Vaude n’auraient pas déparé dans certaines grandes comédies d’aventure signées Philippe de Broca (la mise en scène de Jérôme Salle, moins).
  • Ah dieu que la Birmanie est jolie !

Les moins…

  • Son nom n’est ni Bond, James Bond ni Bourne, Jason Bourne. Nous sommes chez Largo Winch, où règne un petit côté bricolage au demeurant sympathique et un manichéisme de fort mauvais aloi sérieusement fatiguant sur la longueur.
  • Largo Winch n’a pas une once d’humour. Ce type est d’un ennui affolant en définitive (surtout quand Tomer ne tombe pas la chemise).
  • Les private jokes sur le mythe Sharon Stone (croisement de jambes à l’appui) ne sont guère exploitées par un scénario anémique.
  • Pas la moindre pincée d’alchimie, ni de tension sexuelle — un comble! — entre Sharon Stone (aka la nouvelle femme au masque de cire : pas une patte d’oie, une cerne, une ridule. C’était notre instant Rions un peu) et Tomer Sisley (un peu trop propre sur lui, y compris en icône de guide du routard).
  • Soyons clairs. Il ferait bon vivre en Birmanie n’étaient ces calculateurs de sournois occidentaux avides de mettre la main sur les richesses du pays et qui corrompent, de fait, de graveleux militaires.
  • Des bagarres pour ne surtout pas trop réfléchir, en veux-tu en voilà. A force de voir se succéder à un rythme — plus ou moins infernal — des poursuites/cascades/tours de force, le spectateur n’arrive plus très bien à comprendre qui sont les méchants qui poursuivent notre héros ou pourquoi, et d’ailleurs, il finit même promptement par s’en battre un poil les miches.
  • Les perpétuels sauts de puce dans le temps. Si trois ans avant se décomptent du jour où le film commence, est-on trois ans après ou l’ultérieurement fait-il suite aux trois années subséquentes ? Et d’ailleurs, pourquoi trois ? Si l’on s’ennuie entre deux coups de poing et la quinzième roulade dans la poussière, ce genre de questions existentielles d’ordre chronologique peut occuper agréablement l’esprit.
  • Un montage à la serpe enchaînant de manière anarchique scènes d’action, moments romantiques (ah ! ce doux et tendre échange familial sur fond d’incendie d’un camp de prisonniers birmans) ou humoristiques.
  • Ulrich Tukur gâche son talent là où il n’a rien à jouer.
  • Largo Winch a manifestement de la conversation. Il nous ressort quinze fois son proverbe bosniaque (en VO et en VF). Fascinant.
  • Des malfaisants si abjects (spoiler : ils suent même à l’ombre) que l’on peut lire bad guy ! sur le post-it épinglé sur leur front.
  • Les serbes sont fourbes, toujours.
  • Les seins de Sharon Stone sont en apesanteur. Y a complot.
  • Il faut réécrire le rôle du meilleur ami de Largo Winch, résolument insupportable (l’acteur — Olivier Barthelemy — ou le personnage, la question est posée).
  • RIP Laurent Terzieff.

En bref, une aventure qui ne brise pas trois pattes à un canard et que l’on peut regarder d’un œil torve sans risquer de perdre une information capitale (ne pas espérer non plus une quelconque réflexion sur la junte birmane, là n’est pas le sujet).

Nous pouvons également, sans faillir, prévoir qu’il y aura un troisième opus car vous n’imaginez pas tout ce qu’Audi peut faire pour Largo Winch.

Largo Winch II de Jérôme Salle_2010
avec Tomer Sisley, Sharon Stone, Ulrich Tukur, Mamee Napakpapha Nakprasitte, Olivier Barthelemy, Laurent Terzieff, Nicolas Vaude, Clemens Schick, Nirut Sirichanya, Dmitry Nazarov et Miki Manojlovic